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LE CONTRÔLE DES PRIX REJETÉ

L’examen de la situation du logement locatif par le gouvernement identifie des lacunes complexes. Le rapport propose de limiter les augmentations à une par an, mais ne prévoit aucune mesure généralisée pour limiter le coût des loyers.

Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouvelle.com

Les fonctionnaires qui ont rédigé le rapport avancent qu’un contrôle de la fréquence des augmentations de loyer protégerait les locataires, mais ne recommandent aucun plafonnement général du montant de ces augmentations.

Les propriétaires d’appartement auraient donc toujours la liberté d’imposer des augmentations de loyer très élevées pourvu qu’ils en avisent leurs locataires suffisamment tôt et qu’ils ne le fassent qu’une fois par année.

Le gouvernement serait toutefois ouvert à restreindre les augmentations extrêmes, selon Cheryl Hansen, greffière du Conseil exécutif et chef de la fonction publique, qui a présenté les résultats de l’analyse du gouvernement à Fredericton vendredi.

Le rapport suggère aussi que le gouvernement doit veiller à mieux informer les locataires et les propriétaires d’appartements de leurs droits et responsabilités.

Il doit aussi déterminer s’il convient d’apporter des changements au tribunal de location de locaux d’habitation, qui est responsable de régler les disputes entre locataires et propriétaires.

Ces modifications législatives pourraient être mises en place d’ici la fin de l’année.

Les députés pourraient s’attaquer à cela pendant la session législative d’automne, a affirmé le premier ministre Blaine Higgs en mêlée de presse vendredi.

Le chef du Parti vert, David Coon, ne veut pas attendre aussi longtemps.

«L’Assemblée législative doit siéger ce printemps jusqu’à ce que la Loi sur la location de locaux d’habitation soit modifiée.»

Le chef intérimaire libéral, Roger Melanson, croit que le rapport publié vendredi manque d’actions immédiates.

«C’est un rapport qui essaie de justifier de ne rien faire. À court et moyen terme, il n’y a aucune initiative suggérée là-dedans qui va venir en aide à ceux et celles qui ont besoin d’un logement abordable ou qui n’ont pas la capacité de payer des loyers.»

Un contrôle des loyers serait souhaitable, selon lui.

«On parle d’un segment de notre population qui n’a pas la capacité de payer des loyers au prix du marché.»

PAS DE CRISE DU LOGEMENT, SELON LE GOUVERNEMENT

Le rapport conclut que la situation actuelle n’est pas une crise, mais qu’elle pourrait le devenir si le gouvernement n’agit pas.

La province a un faible taux de logements inoccupés, et le prix de la plupart des nouveaux logements locatifs les rend hors de portée pour ceux qui ont besoin d’un logement abordable.

Les loyers ont aussi subi des augmentations allant de 19% à 33% dans la plupart des grandes villes de la province au cours des dix dernières années. Les régions rurales sont aussi soumises à une pression semblable.

Ces augmentations de loyer ont grimpé en pente raide pendant la pandémie, en partie à cause de la croissance démographique de la province.

De mars 2020 à mars 2021, les loyers du Nouveau-Brunswick ont augmenté de 4,8%, soit la plus forte hausse du pays, selon Statistique Canada.

Le taux d’augmentation national moyen pour la même période était de 0,5%.

Le premier ministre n’a pas non plus qualifié la situation actuelle de «crise», même s’il dit avoir «de la sympathie» pour les locataires qui font face à des augmentations de loyer qui les forcent à quitter leur logis.

«Je dirais qu’on a une situation qu’on ne peut pas ignorer, on a une situation qui a été accélérée par un renouvellement de l’intérêt envers notre province et la demande qui vient avec. Et peut-être que ça nous met dans un échéancier plus court. Mais c’est une situation qu’on peut gérer», dit le premier ministre.

PAS DE SOLUTION MAGIQUE

La solution proposée par des associations de locataires, soit de limiter l’augmentation des loyers, est déjà en place dans d’autres provinces. La Nouvelle-Écosse a fixé cette limite à 2% par an.

Cheryl Hansen avance toutefois qu’un contrôle des augmentations de loyer pourrait avoir des effets néfastes pour les développeurs d’appartements, et qu’un contrôle des loyers aurait surtout un impact sur les appartements haut de gamme.

Il est nécessaire que ces entreprises construisent davantage de logements pour tenter de régler la pénurie d’appartements libres, d’après elle.

Mais le rapport conclut sans équivoque que des locataires font face à un marché difficile, et qu’il existe de réels obstacles à l’accès au logement abordable.

Parmi les 4600 locataires sondés par le gouvernement, 41% des répondants qui ont un revenu de 10 000$ à 20 000$ paient un loyer entre 750$ et 1000$ par mois. ■

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2021-05-08T07:00:00.0000000Z

2021-05-08T07:00:00.0000000Z

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