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LE DR NGOLA POURSUIT LE GOUVERNEMENT PROVINCIAL ET LA GRC

Une semaine après avoir vu l’accusation contre lui être abandonnée, le Dr Jean Robert Ngola contre-attaque. Il poursuivra à son tour la province du Nouveau-Brunswick ainsi que la GRC.

Jean-François Boisvert restigouche@acadienouvelle.com @JFBjournaliste ➢ Avec la collaboration du journaliste Alexandre Boudreau

Il s’agit d’une poursuite civile en dommage et intérêt intentée en Cour du Banc de la Reine et dont l’objectif est de recevoir une compensation financière pour les préjudices encourus. Le montant réclamé par la poursuite n’a pas été divulgué à ce stade. Outre l’aspect pécuniaire, la poursuite est accompagnée d’une demande pour la mise en place d’éléments de justice réparatrice.

Dans l’avis de poursuite déposé vendredi, on accuse entre autres les intimés de négligence, de diffamation, de poursuite malveillante et d’avoir violé les droits constitutionnels du Dr Ngola (notamment en matière de respect de la vie privée).

«La semaine dernière, nous avons demandé au premier ministre (Blaine Higgs) de s’excuser. Il ne l’a pas fait. Nous avons donc reçu l’ordre d’entamer un processus dans le but que rien de tel n’arrive plus à qui que ce soit», explique Me Joël Étienne, l’un des avocats de Jean Robert Ngola, notant que la poursuite au civil n’était toutefois pas l’avenue privilégiée. Lui et son équipe, incluant le docteur, auraient en effet préféré en arriver à une entente à l’amiable.

En point de presse, les avocats ont laissé entendre que le premier ministre et son administration ont bafoué les règles et principes de droit.

«Nous avons ici un premier ministre qui a voulu jeter le blâme des difficultés d’une région avec la pandémie sur une seule personne. C’est une situation très grave où l’on a préjugé de la culpabilité d’une personne. Mais personne n’est au-dessus des lois, pas même le premier ministre», évoque Me Christian Michaud, autre avocat au dossier.

Selon les deux avocats, la Couronne n’avait pas de dossier contre M. Ngola, et le retrait de l’accusation le 4 juin confirmerait leurs dires.

Ce que la défense reproche aujourd’hui au premier ministre, c’est qu’il serait impliqué dans le processus judiciaire afin qu’une enquête soit déclenchée contre leur client, et ce, malgré l’avis de responsable de la Santé publique. On déplore qu’il ait jeté de l’huile sur le feu en pointant du doigt un «travailleur de la santé» au comportement «irresponsable» comme élément déclencheur de la première éclosion de COVID-19 dans le Restigouche.

ANNÉE D’ENFER

Présent lors du point de presse, le Dr Ngola a tenu à souligner qu’il avait passé une année infernale en raison de toute cette affaire. Il dit avoir vécu une injustice flagrante.

Bien que Blaine Higgs n’ait pas identifié le docteur dans son point de presse en mai 2020, son nom a rapidement circulé dans les médias sociaux, ce qui lui avait valu plusieurs commentaires haineux.

«L’objectif aujourd’hui c’est qu’une telle chose ne se reproduise plus, pour qu’on ne puisse mettre la vie de personne en danger parce qu’on en a le pouvoir», a souligné le docteur.

Selon Me Étienne, une vingtaine d’enquêteurs des crimes majeurs ont sillonné Campbellton pour trouver des preuves.

«Ce n’est pas un médecin qui n’a pas suivi les règles, mais les autorités du NouveauBrunswick et la GRC. Tout ce qu’ils ont fait l’a été afin de faire avancer un récit politique et non dans le but de trouver la vérité.»

FOND DE RACISME?

Selon Me Étienne, la couleur de la peau de son client aurait également joué dans la balance. Ce dernier estime en effet que le Dr Ngola pourrait avoir fait l’objet de profilage ethnique.

Il soutient que la société néo-brunswickoise doit prendre conscience que cette affaire possède un fonds de racisme.

«Tout cela aurait pu finir en tragédie», soutient Me Étienne.

«C’ÉTAIT NÉCESSAIRE»

Le premier ministre Blaine Higgs a dit vendredi ne pas regretter d’avoir attribué l’éclosion du Restigouche à un travailleur de la santé «irresponsable».

«Il n’y avait rien d’inhabituel avec mes consignes ou mes commentaires. Je voulais (comprendre) toute situation qui avait comme résultat de causer une éclosion.»

Ce commentaire était nécessaire pour que le Nouveau-Brunswick puisse tirer des leçons de cette éclosion et apprendre à mieux gérer la pandémie, d’après M. Higgs.

«C’est pour cela qu’on agit, c’est pour cela qu’on ne recule pas, parce qu’on a besoin d’apprendre de nos expériences», a affirmé le premier ministre en mêlée de presse.

Plus tôt cette semaine, le premier ministre a mis le Dr Ngola au défi de renoncer à son droit à la vie privée pour qu’il puisse faire part au public d’informations au sujet du docteur.

Maintenant qu’une poursuite a été lancée, le premier ministre laisse entendre que ces informations feront probablement partie d’une éventuelle défense.

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2021-06-12T07:00:00.0000000Z

2021-06-12T07:00:00.0000000Z

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