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The Conjuring - The Devil Made Me Do It: sans queue ni tête

Quand le moment le plus terrifiant d’un présumé film d’horreur est le générique de la fin, vous savez que vous n’en avez pas eu pour votre argent...

Patrice Côté patrice.cote@acadienouvelle.com @pacadie09

The Devil Made Me Do It (en salle depuis le 5 juin) est la plus récente entrée dans l’univers de The Conjuring.

Cette série de (jusqu’ici) huit opus a vu le jour en 2013. Chaque film a un lien avec Ed et Lorraine Warren, deux enquêteurs du paranormal qui ont beaucoup fait parler d’eux aux États-Unis dans les années 1970 et 1980.

Certains prêtaient aux Warren de véritables talents de médium et d’exorciste, alors que d’autres voyaient en eux de talentueux manipulateurs.

Certains films sont tirés d’enquêtes célèbres du couple alors que d’autres «expliquent» l’origine de phénomènes paranormaux auxquels se sont intéressés les Warren (comme la poupée possédée Annabelle et le démon Valak).

La qualité des oeuvres de la série varie énormément, The Conjuring (2013) et The Conjuring 2 (2016) constituant, de loin, les deux meilleures entrées de cette franchise qui a généré, à ce jour, des recettes mondiales qui frôlent les 2 milliards $.

Suite des deux premiers, The Conjuring: The Devil Made Me Do It n’est malheureusement pas à la hauteur de ses prédécesseurs.

MEURTRIER POSSÉDÉ

On retrouve les Warren (les excellents Patrick Wilson et Vera Farmiga) en 1981, dans une petite ville du Connecticut, où un garçon, David Glatzel, semble possédé par un démon.

Lors de l’exorcisme, Ed est victime d’une crise cardiaque provoquée par l’entité.

Intervient alors Arne Johnson, le petit ami de la soeur du possédé, qui demande au Malin de le prendre comme conduit plutôt que David. Le calme revient et David semble libéré. Quelques jours plus tard, Johnson assassine le propriétaire de son logement.

Le jeune homme plaide non coupable, affirmant qu’il était possédé par une entité malveillante au moment du meurtre.

Il en revient au Warren, au péril de leur vie, d’enquêter afin de prouver que Johnson dit vrai.

RIDICULE

Les meilleurs films d’horreur sont ceux qui parviennent à nous faire croire que la menace qu’ils dépeignent est réelle.

Pensons à The Exorcist (1973), Jaws (1975), The Amityville Horror (1979) ou Poltergeist (1982).

The Conjuring et sa suite font partie, jusqu’à un certain point, de ce groupe sélect de films d’horreur «crédibles» - d’autant plus qu’ils étaient largement inspirés de faits vécus.

The Devil Made Me Do It est lui aussi inspiré de la réalité. Les Warren ont en effet tenté de «guérir» un enfant soi-disant possédé du nom de David Glatzel et un homme appelé Arne Johnson a témoigné avoir été possédé au moment du meurtre du propriétaire de son logement, en 1981.

Le hic, c’est que dans The Devil Made Me Do It, tout ça nous est servi à la sauce hollywoodienne: les faits, déjà discutables, sont manipulés et gonflés aux stéroïdes de sorte qu’il reste bien peu de l’histoire originale.

Jamais, dans 100 ans, une personne lucide n’acceptera de croire que ce qui est montré dans The Devil Made Me Do It a pu se produire.

Les deux premiers volets de The Conjuring brillaient par leur simplicité. Il y était question de familles hantées par des entités malveillantes liées au passé trouble de leur domicile.

Dans The Devil Made Me Do It, la simplicité prend le bord. Satanisme, occultisme, sorcellerie, exorcisme et malédictions y sont emmêlés sans trop de «logique», l’idée n’étant visiblement pas de raconter une histoire qui se tient, mais plutôt d’en mettre plein la vue.

Et c’est là que le bât blesse. Qu’on accepte ou non de croire et d’embarquer dans la «logique» d’un film d’horreur, l’important demeure d’être épeuré. Or, contrairement à ses deux prédécesseurs, le troisième chapitre de The Conjuring ne provoque pas la moindre chair de poule.

Pire, dans la deuxième demie, certains moments n’ont ni queue ni tête. Toute l’intrigue repose sur une malédiction nécessitant la mort de trois personnes. Or, le film ne nous explique jamais pourquoi ladite malédiction a été lancée... Entre autres illogismes...

Résultat: le meilleur moment du film survient lors du générique, alors qu’on nous fait entendre ce qui serait des moments de l’exorcisme de David Glatzel.

Deux minutes cauchemardesque qui auraient constitué une épine dorsale sur laquelle bâtir bien plus effrayante que tout ce qui nous a été montré dans les 110 minutes précédentes... ■

AU GRAND ÉCRAN

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