Édition numérique - Acadie Nouvelle

Pas en français!

David Le Gallant Mont-Carmel, Î.-P.-É.

En sommes-nous arrivés là? Il ne nous reste que le recours à l’opprobre populaire: En français! En français! En français votre Excellence!

Rare sont les pays où le chef d’État ou son représentant (ici la gouverneure générale Mary Simon) ne parle pas de facto la langue officielle constitutionnalisée du pays. Au Canada, les deux langues officielles sont légiférées depuis 1969 et enchâssées en 1982 dans la Charte canadienne des droits et libertés. Qu’aurait-il transpiré au grand Canada anglais si un gouverneur général désigné n’était qu’unilingue francophone?

Pour ce qui est de ce grossier tour de passe-passe eu égard à l’unilinguisme anglophone de ladite nouvelle gouverneure générale, tout cela a été fomenté par un chef de gouvernement (Justin Trudeau) qui, à l’égal de son père en 1968 (Pierre Elliott Trudeau), bafoue les francophones du pays pour des raisons électoralistes, dans la bonne tradition du «suprémacisme blanc anglo-saxon» de la Confédération (Lord Durham et George

Brown, un des Pères de la Confédération qui avait proclamé à la sortie de la Conférence de Québec (1864): French Canadianism entirely extinguished!).

Ce French Canadianism comprenait par ricochet les Acadiens. Même s’il y avait au moins un député acadien dans chacune des trois législatures des futures Provinces maritimes (Mathurin Robichaud, N.-É., Armand Landry, N.-B., Stanislaus Poirier, Î.-P.-É., pas un seul fit partie des délégués conviés aux trois conférences menant à la Confédération).

Plus que jamais, surtout aujourd’hui en 2021, l’occurrence d’un ou d’une gouverneure générale qui ne parle pas le français du tout mérite au bas mot l’opprobre populaire. Un premier ministre qui se targue par monts et par vaux de gouverner le «meilleur pays au monde» se rappelle-t-il des propos de Sir John A. Macdonald vis-à-vis des Canadiens Français à l’époque de la pendaison de Louis Riel avec son: «Though every dog in Quebec bark in his favour».

Et bien, aujourd’hui, c’est comme si l’histoire se répétait. Un premier ministre qui, en collusion avec la Reine, désigne une gouverneure générale unilingue anglophone, à la tête d’un pays qui a deux langues officielles, pourrait laisser croire qu’il fait fi d’une grande portion de ses concitoyens. On aurait cru que la diplomate qu’elle fut à l’ambassade du Canada au Danemark aurait eu davantage d’éclaboussures de français obligent dans son escarcelle. Certains se demandent si elle n’a pas été nommée de force par l’équipe libérale pour uniquement plaire au

Canada anglais puisqu’on sait qu’elle aurait antérieurement laissé de côté l’offre du même poste de la part du gouvernement Harper précisément parce qu’elle ne parlait pas le français.

Faudra-t-il désormais lui rappeler à chaque occasion et à l’unisson: En français! En français! En français! ■

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2021-07-24T07:00:00.0000000Z

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