Édition numérique - Acadie Nouvelle

Pig: éblouissant Nicolas Cage

L’honni Nicolas Cage dans le rôle d’un vagabond qui tente de récupérer son cochon kidnappé? Sur papier, Pig (en salle depuis le 15 juillet) n’a aucune chance de fonctionner. C’est pourtant un des meilleurs films de l’année.

Avertissement: pour une rare fois, je traite dans cette chronique d’un film qui pourrait être très difficile de voir à court terme au N.-B.

Pandémie, films à grand déploiement et besoin urgent de liquidité font en sorte que de nombreux cinémas d’ici risquent de se tenir loin de Pig, un film de répertoire s’il en est un.

Au pire, vous pourrez le voir en salles à l’automne, quand le défilé de blockbusters sera terminé. Ou en ligne dans quelques mois, probablement sur le service Star de Disney+.

UN HOMME ET SON COCHON

Rob (Cage) vit reclu de la société dans les montagnes de l’Oregon.

Avec l’aide de son cochon apprivoisé, il survit en cueillant puis vendant des truffes, un champignon rare et raffiné recherché par les grands chefs. Un jour, le cochon de Rob est kidnappé.

Aidé de son acheteur (l’excellent Alex Wolff ), le vagabond tente de récupérer son animal. Mais pour ce faire, il devra se rendre à Portland, une ville qu’il n’a pas quittée sans raison 15 ans plus tôt...

LE GRAND RETOUR DE CAGE

Bien peu de comédiens ont connu des carrières «bipolaires» comme Nicolas Cage.

À son sommet, au tournant du millénaire, il a obtenu deux nominations aux Oscars (pour Leaving Las Vegas et Adaptation), remportant une statuette dorée.

Depuis, c’est la déchéance: l’Américain âgé de 57 ans ayant été finaliste à six reprises pour le titre de pire comédien au Raspberry Awards.

Pire, la descente aux enfers de Cage fait qu’il est devenu source de dérision sur les médias sociaux et dans les talks shows américains. Tout ça va maintenant changer grâce à Pig. Dans ce qui semble être une analogie parfaite avec sa vie professionnelle, Cage interprète avec énormément de brio un Rob résigné qui n’en a absolument rien à cirer de ce que les autres peuvent penser de lui. C’est... troublant.

COMME UNE TRUFFE

Tourné par le nouveau venu Michael Sarnoski, Pig est un film qui a les mêmes qualités qu’une truffe: distingué, recherché et subtil.

C’est un film plein de nuances qui repose en grande partie sur le non dit, de sorte que le spectateur doit travailler un peu pour comprendre le message au coeur de l’oeuvre (la difficulté de faire face à la perte d’un être cher).

C’est aussi un beau doigt d’honneur à l’industrie du cinéma commercial: plutôt que de se transformer en John Wick pour récupérer son cochon, Rob utilise plutôt la bonté et la sagesse comme seules armes. Et c’est magnifique.

Je pourrais vous vanter les mérites de Pig encore longtemps, mais le plus beau compliment que je peux lui faire, c’est que c’est un film tellement émouvant qu’on ne voudrait pas qu’il finisse. C’est bon et unique à ce point. ■

AU GRAND ÉCRAN

fr-ca

2021-07-24T07:00:00.0000000Z

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https://numerique.acadienouvelle.com/article/281913071138558

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