Édition numérique - Acadie Nouvelle

M. LE MINISTRE, ROUVREZ LES ÉCOLES!

FRANÇOIS GRAVEL francois.gravel@acadienouvelle.com

Alors que le premier ministre Blaine Higgs évoque publiquement la possibilité de mettre fin au confinement à la fin du mois et de rouvrir les écoles peu importe si la situation s’améliore ou non dans les hôpitaux, le ministre de l’Éducation, Dominic Cardy, hésite à faire la même promesse aux élèves. ll devra pourtant s’y résoudre. L’éducation est un droit essentiel. Il est plus que temps de cesser d’en priver les enfants.

Un élève du primaire qui a la chance de fréquenter une école où il n’y a eu aucune éclosion de COVID-19 aura néanmoins été privé de classe pendant plus d’un mois depuis la rentrée en septembre, soit au cours des deux semaines de grève du Syndicat canadien de la fonction publique, une semaine à la fin décembre et deux autres en janvier (trois en comptant la semaine prochaine). Cela n’inclut pas le congé des Fêtes ainsi que celui de mars qui approche et lequel, n’en doutez pas, ne sera sûrement pas annulé. C’est encore pire dans les endroits où la COVID-19 a été plus active. Il y a au Nouveau-Brunswick des enfants qui ont passé plus de temps à la maison qu’à l’école depuis le début de l’année scolaire. Les écoles ne sont pas fermées, dites-vous? Après tout, les enseignants sont en poste dans leur classe et l’apprentissage se poursuit en ligne. Ce n’est pas l’idéal, nous dit le ministre Dominic Cardy, mais c’est mieux que rien. Il s’agit en fait d’une grande illusion. Les écoles sont bel et bien fermées. En contrepartie, les élèves se voient offrir à distance un apprentissage limité qui n’a rien à voir avec ce à quoi ils auraient normalement droit. Pour les plus jeunes, ça se résume souvent à moins d’une heure le matin devant leur écran. Ceux ayant des besoins particuliers peuvent passer deux ou trois avant-midis par semaine en présentiel, sans plus. Le taux d’absentéisme dans certaines classes atteint des niveaux stratosphériques. C’est sans compter tous ceux qui ne vivent pas dans un environnement familial propice à l’apprentissage. La plupart des enseignants font leur possible, mais ils n’ont pas tous la capacité ou les habiletés nécessaires pour motiver leurs élèves dans ce contexte. Nous ignorons qui, au sein du ministère de l’Éducation, a la responsabilité de défendre les intérêts des élèves, mais il ou elle n’a clairement pas beaucoup d’influence. Les personnes en bas âge ont beau être celles qui sont les moins susceptibles de subir les symptômes les plus graves de la COVID-19, le ministre Cardy ne se gêne pourtant jamais de les priver d’une éducation digne de ce nom. Une partie de son hésitation est compréhensible. Chaque jour ou presque, des Néo-Brunswickois perdent la vie après avoir attrapé le coronavirus. Cela n’émeut plus beaucoup les représentants gouvernementaux, qui enterrent cette information à la fin de leurs communiqués de presse et qui n’expriment plus depuis longtemps en conférence de presse leurs sympathies aux familles des victimes. La réaction serait cependant bien différente, avec raison, si un enfant devait subir le même sort. Ce serait une tragédie pour le défunt, sa famille, mais aussi pour tout le système d’éducation et la province. Le ministre Cardy doit à tout prix éviter ce scénario. Par contre, les jeunes âgés de 5 à 11 ans ont l’option de se faire vacciner depuis la fin novembre, début décembre. Il faut laisser passer huit semaines entre les deux doses. Cela signifie qu’à compter de février, tous les élèves de la province auront déjà eu la possibilité d’être doubles vaccinés. Seuls ceux dont les parents hésitent encore n’ont pas la pleine protection contre le coronavirus. À ce point-ci, Dominic Cardy ne peut plus se permettre d’attendre après les retardataires ou les antivax. Il doit mettre fin à cet abandon éducatif. En entrevue à l’Acadie Nouvelle plus tôt ce mois-ci, le ministre a déclaré ne pas vouloir rouvrir les écoles trop rapidement, de peur de devoir ensuite fermer le quart d’entre elles en raison d’éclosions. Mais dans quel monde est-il mieux de garder toutes les écoles fermées, comme c’est le cas présentement, plutôt que 25% d’entre elles, comme l’évoque M. Cardy? Ces fermetures à répétition ont un effet négatif incalculable sur l’éducation d’une génération entière. Il semble de plus en plus clair que la COVID-19 est là pour rester et que nous n’atteindrons jamais le jour où la totalité de la population acceptera de se faire vacciner contre la maladie. Il est temps pour le ministre de prioriser rapidement le retour en classe avec des mesures qui permettront d’éviter de renvoyer tout le monde à la maison à chaque éclosion.

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2022-01-22T08:00:00.0000000Z

2022-01-22T08:00:00.0000000Z

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