Édition numérique - Acadie Nouvelle

AUX ÉTATS-UNIS, QU’EST DEVENU LE PARTI RÉPUBLICAIN?

PHILIPPE BERNIER ARCAND

Avec la défaite de Donald Trump en 2020, on pourrait être tenté de penser que la vague populiste qui l’a porté au pouvoir lors de l’élection présidentielle de 2016 est terminée. Il serait aussi logique de croire que le Parti républicain pourra tourner la page de ces sombres années afin de rejouer son rôle de parti plus à droite et plus conservateur que son adversaire le Parti démocrate au sein du bipartisme américain qui a longtemps permis d’éviter les partis extrémistes. Pourtant, lorsque l’on observe le Parti républicain ces derniers temps, il est loin d’être évident qu’il s’en est remis.

Le Parti républicain a été fondé en 1854, ce qui en fait le plus vieux parti sur la scène politique américaine et explique pourquoi on le surnomme le «Grand Old Party» (Grand Vieux Parti). Au moment de sa fondation, l’esclavage était le principal enjeu électoral et, on a parfois tendance à l’oublier, à l’époque les abolitionnistes se retrouvaient du côté républicain, dont notamment Abraham Lincoln, le premier président républicain de 1861 à 1865.

Le Parti républicain a depuis fait un virage à droite et, particulièrement depuis les années 1970 avec Richard Nixon et les années 1980 avec Ronald Reagan, il s’identifie clairement comme plus conservateur que son adversaire, le Parti démocrate. Ce virage à droite s’est accentué dans les années 1990 et 2000 sous les présidences de George Bush Père et Fils.

Sous la présidence du démocrate Barak Obama, dans les années 2010, le Parti républicain s’est encore plus radicalisé subissant l’influence du mouvement libertarien Tea Party. On y a vu l’émergence d’une nouvelle génération d’élus toujours plus à droite, notamment Sarah Palin, ancienne gouverneure de l’Alaska et candidate au poste de vice-présidente des États-Unis en 2008, et Ted Cruz, sénateur du Texas.

Aujourd’hui, le Tea Party semble bien inoffensif lorsqu’on le compare à la mouvance conspirationniste d’extrême droite QAnon et aux autres mouvements – notamment des milices néo-fascistes tels les Proud Boys – qui influencent le Parti républicain. Sous Donald Trump, le virage à droite du Parti républicain est devenu une dérive vers l’extrême droite.

Malgré la défaite de Donald Trump, une nouvelle génération de jeunes politiciens républicains semble confirmer cette dérive vers l’extrême droite. Il y a par exemple Josh Hawley, sénateur du Missouri, qui fut le premier élu de la Chambre haute à contester la victoire du président Joe Biden au Capitole. Il y a également Marjorie Taylor Greene, élue de la Géorgie à la Chambre des représentants, et Lauren Boebert, élue du Colorado à la Chambre des représentants, qui ont exprimé leur soutien à la théorie du complot de QAnon.

Qui plus est, plusieurs sénateurs républicains ont annoncé leur retraite dont, Richard Shelby en Alabama, Richard Burr en Caroline du Nord, Roy Blunt au Missouri, Rob Portman en Ohio et Pat Toomey en Pennsylvanie. On peut donc s’attendre à ce qu’ils soient remplacés par de nouveaux sénateurs républicains plus «trumpistes» lors des prochaines élections de mi-mandat en novembre 2022. C’est d’ailleurs ce qu’on observe chez les étoiles montantes du Parti républicain.

Par exemple, J.D. Vance, dont les mémoires «Hillbilly Elegy» avaient été encensés par le New York Times et adaptés en film par Netflix en 2020. Il y racontait que, malgré son enfance dans un milieu difficile des Appalaches, il a pu, grâce à sa persévérance, intégrer les marines de l’armée américaine et étudier en droit à l’Université Yale. En 2016, il était très critique envers Donald Trump alors qu’aujourd’hui, sans doute par opportunisme puisqu’il tente de remporter la primaire sénatoriale pour le Parti républicain en Ohio, il se présente désormais comme un supporter de Donald Trump et fustige la gauche «woke».

Les militants républicains se sont également radicalisés. Selon un sondage réalisé par le Wall Street Journal à la fin de l’année dernière, 81% des républicains ont une opinion favorable de Donald Trump, et 57% estiment que l’élection lui a été volée. On peut aussi penser aux plus radicaux des partisans de Donald Trump qui ont pris d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021 pour tenter d’annuler le verdict des urnes.

Le Parti républicain ressemble de moins en moins au parti de droite et conservateur qu’il a été par opposition au Parti démocrate, plus à gauche et plus progressiste. Depuis la défaite de Donald Trump, le Parti républicain continue sa mue vers un parti d’extrême droite.

À L’INTERNATIONAL

fr-ca

2022-01-22T08:00:00.0000000Z

2022-01-22T08:00:00.0000000Z

https://numerique.acadienouvelle.com/article/281754157699471

Acadie Media