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BRAZEN: AUSSI SUBTIL QU’UN ROMAN HARLEQUIN

Vous vous souvenez peut-être d’Alyssa Milano? Mise au monde par la série culte Charmed (1998-2006), la New Yorkaise qui frôle maintenant la cinquantaine s’est faite très discrète au cinéma ces dernières années. Elle fait un retour dans Brazen (Netflix), un film sans la moindre envergure.

Adapté d’un roman publié en 1988 par la prolifique Nora Roberts, Brazen raconte l’histoire de Grace (Milano, photo), une auteure à succès de romans policiers qui apprend le meurtre de sa soeur, Kathleen, qu’elle n’avait pas vue depuis cinq ans.

Coïncidence, Grace fréquente depuis peu le voisin de Kathleen, Ed, un détective chevronné qui vient de résoudre une affaire compliquée. Grace et Ed se lancent donc en chasse du meurtrier de Kathleen, non sans découvrir que la victime cachait quelques secrets...

Il y a cinq ou six ans, avant l’arrivée des sites de diffusion en continu, on aurait dit que Brazen est un film tourné pour la télévision. À cette époque, c’est comme ça qu’on désignait péjorativement les films à petit budget et au scénario ininspiré, dont le principal attrait reposait sur le casting d’une ancienne vedette.

On ne se le cachera pas, Brazen est l’équivalent cinématographique d’un roman Harlequin. Comme dans ce type de littérature rose, tout y est présenté de façon à plaire à un public féminin qui recherche un divertissement simple et coquin.

Le problème, c’est qu’en plus d’être extrêmement prévisible, le film s’appuie sur des incongruités qui frôlent le ridicule. Par exemple, la grande écrivaine Grace estime que son expérience de romancière fait d’elle une profileuse («J’ai un bon instinct pour trouver le motif des crimes»). Voyons donc! Et la capitaine de police l’embauche comme consultante... sur le meurtre de sa soeur. Voyons donc! Elle fait donc équipe avec... son nouvel amant. N’en jetez plus, la cour est pleine!

Je ne pense pas avoir déjà vu au cinéma une situation qui va à l’encontre de toutes les règles élémentaires d’éthique policière.

Et, évidemment, la courageuse et débrouillarde Grace (une écrivaine, je vous le rappelle) coiffe au fil d’arrivée le meilleur enquêteur de Washington pour parvenir à élucider le meurtre. Bravo pour le message féministe fort, mais il ne faut pas non plus prendre les cinéphiles pour des nouilles.

Puisqu’il est question de féminisme, j’ai beaucoup aimé que la capitaine de police soit une femme hispanique. Ça nous change des vieux messieurs grisonnants...

Autre point positif, le jeu de Malachi Weir, qui interprète le coéquipier de Ben. C’est sur les épaules de cet homme à la coiffure unique que repose l’humour du film. Weir est malheureusement sous-utilisé.

Quant à Milano, elle fait de son mieux. Le talent de celle qui roule sa bosse depuis l’adolescence, quand elle avait interprété la fille du personnage d’Arnold Schwarzenegger dans Commando (1985), reste toutefois limité.

La plus grande critique que je peux faire à Brazen, toutefois, c’est que ses efforts sont mal orientés. Le scénario est tellement axé à promouvoir une image positive de la femme et du romantisme qu’il perd toute crédibilité en raison des lacunes importantes de son récit. Je suis totalement en faveur des films à portée féministe, mais encore faut-il que ce soit fait de façon intelligente. Et surtout, que le message soit crédible et pertinent. ■

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2022-01-22T08:00:00.0000000Z

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