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Une saison qui est «excessivement difficile» pour l’industrie du crabe

La faible demande pour le crabe des neiges sur le marché américain a significativement fait chuter le prix offert aux pêcheurs pour cette ressource, une situation qui crée de l’incertitude pour les transformateurs du Nouveau-Brunswick.

Justin Dupuis justin.dupuis@acadienouvelle.com

Lors du lancement de la pêche au crabe à la mi-avril, tout laissait croire que l’industrie connaîtrait une très bonne saison.

Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, les États-Unis ont interdit l’importation de fruits de mer provenant de Russie. L’an dernier, l’Alaska a aussi réduit son quota de pêche de crabe des neiges de 88%.

Le crabe canadien était donc le seul à pouvoir répondre à la forte demande américaine pour ce crustacé.

Les prix offerts aux pêcheurs en début de saison - autour de 8,50$ la livre - avaient donc été fixés en fonction de cette rareté et la forte demande pour le crabe des neiges pendant la pandémie.

D’après l’Association des transformateurs de crabe du Nouveau-Brunswick (ATCNB), l’appétit des Américains pour le crabe ne semble pas être au rendez-vous.

«C’est une année excessivement difficile pour l’industrie du crabe des neiges», explique Gilles Thériault, président de l’ATCNB.

D’après M. Thériault, les difficultés s’expliquent par le fait que les transformateurs de crabe n’arrivent pas à écouler leur inventaire au sud de la frontière.

«Contrairement aux années passées où le crabe était vendu au fur et à mesure qu’on le transformait, cette saison le marché est très lent à l’acheter, dit-il. Ils achètent de petites quantités ici et là, mais c’est inquiétant parce que beaucoup d’usines se retrouvent avec du stock sur les mains et le prix auquel on doit le vendre, lorsqu’on peut, a chuté de manière importante comparativement à l’an passé.»

La faible demande pour le crabe des neiges aux États-Unis s’explique notamment par le fait que les acheteurs américains ont acheté du crabe provenant de la Russie avant le début du conflit en Ukraine.

«Le prix aux pêcheurs était élevé en début de saison parce qu’on s’attendait à avoir une forte demande. On achète, mais on garde le crabe dans les entrepôts parce que le marché américain n’est pas prêt. Ça met beaucoup de pression sur les transformateurs», raconte M. Thériault.

D’ici à ce que la demande augmente, les transformateurs ont accepté de faire une avance de 6$ la livre aux pêcheurs. Le montant sera ensuite ajusté lorsque les affaires reprendront.

LES BALEINES INQUIÈTENT

La Fédération régionale acadienne pêcheurs professionnels (FRAPP) dit pas trop s’inquiéter de la situation.

«Le produit s’écoule plus lentement que les années précédentes, confirme Jean Lanteigne. Le gros du crabe des neiges est consommé par des Américains pendant la période des Fêtes. Pour l’instant, il n’y a pas trop d’inquiétudes que nos prises ne soient pas vendues.»

La FRAPP dit surtout se demander si ses membres arriveront à capturer l’ensemble du quota de 32 519 tonnes permis cette année dans le sud du golfe, particulièrement avec la présence de baleines noires qui augmente dans la région. Les dépenses en lien avec la pêche sont elles aussi source d’inquiétudes.

«Le coût du carburant et de l’appât a doublé depuis l’an dernier, c’est une inquiétude pour nos gars. Ils ont commencé en avril, mais avec une augmentation du prix du carburant de 0,30 $ depuis les 14 derniers jours, l’impact se fait de plus en plus sentir. Il nous reste encore du temps de pêche, on verra comment ça va aller», dit M. Lanteigne.

«Ce n’est pas évident pour personne, c’est l’une des années les plus difficiles que l’on ait connues depuis un moment, certains disent que c’est la plus difficile depuis 25 ans», lance pour sa part M. Thériault. ■ des ne

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