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La liste des espèces menacées s’allonge au Nouveau-Brunswick

Longtemps critiqué pour son inaction, le gouvernement provincial accentue ses efforts en matière de recensement de la biodiversité. Quatre nouvelles espèces ont récemment été identifiées comme étant en voie de disparition.

Simon Delattre simon.delattre@acadienouvelle.com @Simon2Delattre

Au cours des deux dernières années, plusieurs organismes de défense de l’environnement ont fait pression sur le gouvernement provincial pour qu’il respecte sa propre loi sur les espèces en péril, menaçant d’entamer des poursuites.

La loi sur les espèces en péril, votée en 2012, prévoit la création d’un comité indépendant d’experts chargé d’évaluer la situation biologique d’espèces plus ou moins menacées, de réviser la classification et de présenter des recommandations au ministre des Ressources naturelles. Il a fallu attendre jusqu’à juillet 2020 pour que cet engagement soit finalement respecté.

Ce comité est composé de six scientifiques et d’une représentante de la Première Nation de Tobique qui disposent d’un droit de vote et de trois fonctionnaires du ministère des Ressources naturelles, qui ne peuvent participer au vote.

Depuis le début de l’année, il a étudié la situation de onze espèces et des rapports ont été transmis au ministère pour chacune d’entre elles. Les scientifiques ont ainsi suggéré de faire passer de «préoccupante» à «menacée», le statut du papillon monarque, de la moucherolle à côtés olive et de l’échéa maritime (une plante vivace). L’hirondelle de rivage, la coccinelle à bandes transverses, le psithyre bohémien et la pannaire jaune pâle sont désormais considérées être en voie de disparition. Seul l’aster subulé, une plante qui pousse dans la région de Bathurst, s’est rétabli et n’est plus considéré comme étant menacé.

Ces modifications ont été apportées au registre public des espèces en péril qui n’avait pas été mis à jour depuis mai 2013.

Le professeur Graham Forbes, directeur de l’Unité de recherche coopérative de la faune aquatique et terrestre du Nouveau-Brunswick et membre du comité, souligne que ce travail réalisé bénévolement prend nécessairement du temps. Parmi les critères pris en compte, il cite la taille de la population, la nature du déclin, l’existence de menace, le nombre d’individus en mesure de se reproduire ou encore l’étendue de la zone d’occupation.

«Une partie de l’analyse consiste à identifier quels sont les problèmes créés par les activités humaines», explique l’universitaire.

Parmi les 38 espèces en voie de disparition se trouvent notamment le bécasseau maubèche, la chauve-souris nordique, le courlis esquimau, l’éperlan arc-en-ciel, la chauve-souris brune, le requin-taupe bleu ou le satyre fauve des Maritimes. À cela s’ajoutent 20 espèces considérées comme menacées ou 24 espèces dont la situation est jugée préoccupante. D’autres ont disparu, comme le carcajou, le grand pingouin, le vison de mer, le morse de l’Atlantique ou le loup de l’est.

Graham Forbes note que les efforts de conservation ont toutefois porté fruit dans le cas du faucon pèlerin ou du pygargue à tête blanche. Après s’être considérablement réduites, leurs populations se sont rétablies lentement grâce aux mesures de protection de leur habitat et à l’interdiction de certains pesticides nocifs.

Une porte-parole du ministère des Ressources naturelles et du Développement de l’énergie, Tara Chislett, note que le gouvernement a établi l’an dernier un plan d’action sur les espèces en péril «qui sert désormais de base et qui permet d’accélérer les progrès relatifs à l’établissement de listes, à la planification du rétablissement et à l’évaluation des mesures de protection».

Elle ajoute que le plus récent budget provincial a accordé du financement pour l’embauche de deux autres postes de biologistes des espèces en péril au sein du ministère, et accroître la collaboration scientifique avec des spécialistes.

Autre avancée majeure, le Nouveau-Brunswick a désigné 84 nouvelles aires protégées le mois dernier. La superficie protégée de l’exploitation représente désormais 420 000 hectares, et le gouvernement prévoit atteindre 700 000 hectares d’ici avril 2023, soit 10% du territoire provincial, l’équivalant de 19 fois le parc national Fundy. ■

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