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Loto Atlantique privilégie-t-elle le profit à la lutte contre la dépendance au jeu?

Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouvelle.com

La Société des loteries de l’Atlantique a le mandat de promouvoir le jeu pour remettre des revenus aux provinces, mais elle doit aussi veiller à ce que les gens ne développent pas de dépendance au jeu. Ces mandats sont contraires l’un à l’autre, selon la députée du Parti vert Megan Mitton.

La Société des loteries de l’Atlantique (SLA) veut agrandir sa présence dans le monde du jeu en ligne afin d’étouffer les sites de jeu illégaux.

Elle estime qu’environ 2000 sites illégaux empiètent sur son marché.

Lors d’une réunion du comité des comptes publics, les dirigeants de la SLA ont expliqué qu’ils comptent environ 6000 utilisateurs par semaine qui dépensent en moyenne 80$ chacun. Leur site web est le seul moyen de jouer au casino en ligne de façon légale.

«C’est beaucoup d’argent, c’est plus de 4000$ par an en moyenne par utilisateur», indique Megan Mitton.

Elle croit que la Société des loteries de l’Atlantique devrait renforcer ses mesures pour contrer la dépendance aux jeux d’argent.

Elle estime que la société a deux objectifs qui sont contraires l’un à l’autre: promouvoir ses produits et limiter la dépendance aux jeux d’argent.

«Je pense que c’est un vrai défi, et c’est difficile de savoir laquelle des deux choses va gagner si elles sont en conflit. Est-ce que ce sera le profit pour les provinces? Je pense que le profit est très important pour eux.»

Loto Atlantique verse ses bénéfices aux gouvernements des quatre provinces de l’Atlantique. En 2022, la part du NouveauBrunswick s’est élevée à 139,3 millions $.

«Je ne dis pas qu’ils ne font rien pour aider les gens, mais c’est un conflit, absolument», dit Mme Mitton.

Stephanie Ryan, directrice de la responsabilité sociale de la société, a expliqué aux députés que les joueurs peuvent fixer des limites de temps ou d’argent de façon volontaire, s’imposer des pauses de 24 heures ou plus, et voir combien de temps ils ont passé au casino en ligne.

«Le plus important, c’est de conscientiser nos joueurs, de leur donner la chance de prendre une pause pour réfléchir.» Mme Mitton est restée sur sa faim. «J’aurais aimé avoir plus d’informations sur combien de personnes utilisent ces différents outils. Et ç’a l’air qu’ils n’ont pas vraiment de résultats à date à savoir si ces outilslà sont efficaces», déplore la députée verte.

Le député libéral René Legacy estime que le double mandat de la SLA est un «demi-mal».

«C’est très similaire à Alcool NB. Ils ont pour mission de s’assurer que les gens consomment de façon responsable, mais en même temps, c’est un détaillant qui a l’objectif de vendre autant qu’il peut.»

Il estime toutefois que la mission sociale de Loto Atlantique la distingue des compagnies de jeu en ligne illégal et que la société est de loin préférable à leur laisser le champ libre à tous.

René Legacy croit que l’objectif d’étouffer le marché noir du jeu en ligne n’est pas une tâche facile.

«Avec Loto Atlantique, la majorité des recettes sont retournées aux provinces. Les compagnies illégales ont probablement les mêmes marges de profit, mais elles utilisent ça pour améliorer leur système, faire plus de publicité ou continuer à générer plus de revenus, donc c’est vraiment un compétiteur féroce.»

Le PDG de la Société des loteries de l’Atlantique, Patrick Daigle, affirme que 60% des joueurs ont réduit leur temps de jeu sur les sites illégaux depuis que le casino en ligne de Loto Atlantique a fait son entrée sur le marché. ■

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2023-01-28T08:00:00.0000000Z

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