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Les francophones du N.-B. sont en difficulté, selon un ministre québécois, qui se dit inquiet

Le ministre québécois de la Francophonie canadienne, JeanFrançois Roberge, s’est dit «inquiet» de la situation des francophones au Nouveau-Brunswick alors que les actions du gouvernement de Blaine Higgs provoquent des préoccupations chez les francophones

Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouvelle.com

Il dit se pencher sur la façon dont le Québec pourrait agir.

Il affirme du même souffle que le Québec ne peut pas s’ingérer dans la gestion d’autres provinces.

«Mais on regarde ça avec beaucoup d’intérêt, et je dirais qu’en ce moment, c’est quelque chose qui m’inquiète.»

Jeudi soir, dans un discours au cours d’un cocktail de militants caquistes à Laval, le premier ministre François Legault a déclaré: «J’ai un premier devoir, comme seul premier ministre en Amérique qui représente une majorité de francophones.»

Le premier ministre Blaine Higgs a notamment attendu un an avant d’annoncer ses intentions au sujet de la révision de la Loi sur les langues officielles, et n’a répondu qu’à une des recommandations des commissaires qui se sont penchés sur cet enjeu.

Il a aussi exprimé sa désapprobation face au mandat de la Commissaire aux langues officielles, qui est chargée d’enquêter sur les plaintes de non-respect de la loi, en qualifiant son poste de «très négatif».

Il a également accueilli dans son parti deux députés qui étaient membres de la People’s Alliance, un parti s’étant opposé à la mise en oeuvre du bilinguisme officiel et à certains acquis de la communauté acadienne. Il a nommé l’un d’eux, Kris Austin, à un groupe de travail chargé de modifier la Loi sur les langues officielles.

Ces décisions ont provoqué une levée de boucliers au sein de la société civile acadienne.

Blaine Higgs veut aussi mettre fin à l’immersion française, un programme d’apprentissage du français destiné aux anglophones, pour le remplacer par un programme où ces élèves passent la moitié de leur temps d’apprentissage en français.

Cette réforme a été fermement critiquée par la majorité anglophone au Nouveau-Brunswick.

L’Acadie Nouvelle a contacté le bureau du premier ministre, qui n’a pas souhaité répondre à la sortie du ministre québécois.

«Je regarde vraiment la situation de près, je suis en train de voir de quelle façon on pourrait agir, ou qu’est-ce qu’on pourrait dire. Mais c’est certainement très inquiétant lorsqu’il y a une communauté francocanadienne à l’extérieur du Québec qui est en difficulté», a-t-il affirmé lors d’une annonce vendredi.

UN GESTE SURTOUT SYMBOLIQUE, SELON UN POLITOLOGUE

Le politologue Roger Ouellette rappelle qu’il existe des liens entre Québec et le N.-B., notamment le Bureau du Québec dans les provinces atlantiques ainsi que l’entente de coopération et d’échanges en matière de francophonie.

Il croit toutefois que le commentaire du ministre Roberge se limite à avoir une importance symbolique.

«Il dit qu’il regarde ça, mais il dit tout de suite qu’il n’a pas de marge de manoeuvre pour faire grand chose. C’est plus une déclaration symbolique, un appui symbolique», dit-il.

De son côté, Martin Théberge, président de la Société nationale de l’Acadie, fait appel à la solidarité des francophones. Il estime que les élus québécois doivent avoir des discussions plus fréquentes avec le peuple acadien et les organismes comme la SNA et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.

«Le fait que le ministre Roberge se dit inquiet, d’une certaine manière, c’est important pour nous, parce qu’on croit sincèrement que l’avenir dans nos communautés, et ça inclut le Québec, passe par la solidarité. Ce qu’on répondrait à cela, c’est qu’on demande au ministre Roberge de se ranger derrière la devise acadienne qui est “l’union fait la force”. Soyons solidaires pour traiter de ces enjeux-là.»

La SANB, pour sa part, a refusé de se prononcer. ■

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2023-01-28T08:00:00.0000000Z

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