Édition numérique - Acadie Nouvelle

UNE (PETITE) AVANCÉE POUR LES FEMMES

JESSICA SAVOIE

Je me suis réjouie cette semaine d’apprendre la création d’un groupe de professionnels de la santé se donnant pour mission de défendre les droits reproductifs des femmes.

Le réseau de soins en avortement du Nouveau-Brunswick est une première dans la province et démontre les besoins criants que nous éprouvons. Le groupe de médecins, de gynécologues, de pharmaciens et d’infirmières totalisant une vingtaine de professionnels se donne pour mission de démystifier les craintes entourant l’avortement.

Mais j’espère que ce nouveau réseau de professionnels se donnera une mission plus grande que d’informer la population et qu’elle osera exiger du gouvernement la création de nouvelles cliniques d’avortement dans la province. Rappelons qu’au Nouveau-Brunswick, les femmes n’ont accès qu’à trois cliniques offrant gratuitement l’interruption de grossesse: deux à Moncton et une à Bathurst.

Et pour ceux qui disent que trois cliniques c’est amplement suffisant pour répondre à ce besoin, je réponds que chez nos voisins du Québec, ce sont 72 cliniques qui offrent l’avortement gratuitement.

Les femmes ne sont pas importantes au Nouveau-Brunswick et on leur rappelle chaque jour.

La question de l’accès à l’avortement ne doit pas s’arrêter à des groupes de consultations et à des affiches informatives.

Les gens qui s’y impliquent doivent être prêts à faire plus que d’informer les patients, ils doivent les défendre, les représenter et faire valoir leurs besoins aux yeux de ceux qui n’écoutent pas. Car c’est le gouvernement qui fait la sourde oreille et qui refuse de rembourser les femmes qui doivent avoir accès à une clinique privée, faute de services dans sa région.

C’est le gouvernement qui a forcé la fermeture de la Clinique 554 à Fredericton, qui offrait justement ces services au privé afin de désengorger le système public.

Pour de nombreuses NéoBrunswickoises, la grossesse non volontaire s’est transformée en un réel cauchemar et personne ne mérite de vivre sous de telles circonstances dans un pays démocratisé comme le Canada. Pour une femme d’Edmundston par exemple, deux choix se présentent lors de l’interruption d’une grossesse: les cliniques de Moncton (4h30 de route) ou Bathurst (2h45 de route).

Ce qui veut dire qu’elles doivent non seulement se trouver un moyen de transport pour parcourir ces distances (non pas une, mais parfois trois fois!), mais elles doivent souvent se trouver un accompagnateur pour les reconduire à la maison.

Ces femmes doivent donc payer l’essence, manquer deux à trois jours de travail, parcourir la province et parfois débourser l’hébergement si leur rendezvous est en fin de journée.

On leur imposera ensuite l’avortement médicamenteux – ce qui semble être l’option de choix dans les cliniques du Nouveau-Brunswick – puis on les retournera à la maison et on les laissera à elles-mêmes le temps qu’elles avortent seules dans leur coin.

Le pire dans tout cela, c’est qu’on ne leur proposera même pas d’antidouleur, puisqu’il semblerait qu’avorter à la maison, c’est un jeu d’enfant.

Sauf qu’elles seront plusieurs NéoBrunswickoises à vous dire qu’elles pensaient frôler la mort durant ces huit heures atroces provoquées par l’avortement médicamenteux. À quel point elles se sont senties abandonnées à leur sort.

Il reste bien du chemin à faire dans la question de l’avortement et j’espère que le réseau de soins en avortement du Nouveau-Brunswick sera à l’écoute des femmes et de leurs besoins et que ses représentants oseront faire changer les choses.

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2023-01-28T08:00:00.0000000Z

2023-01-28T08:00:00.0000000Z

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