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Les départs massifs à la retraite plombent le système d’éducation

Les enseignants qui ont commencé leur carrière au début des années 1990 et ils sont nombreux - commencent de plus en plus à partir à la retraite. Une tendance qui fait mal au système d’éducation déjà aux prises avec une pénurie d’enseignants.

Jean-François Boisvert restigouche@acadienouvelle.com @JFBjournaliste

La dernière étape de l’année scolaire est enclenchée au District scolaire francophone Nord-Est. Celle-ci n’est pas encore terminée que déjà, on évalue la situation pour la prochaine rentrée, question de s’assurer d’avoir suffisamment d’enseignants pour pourvoir tous les postes.

Le DSF-NE a commencé l’année scolaire avec tout juste le bon nombre d’enseignants brevetés dans ses classes. Tant bien que mal, il a pu garder la tête hors de l’eau jusqu’à présent. Le constat est clair: on répond à la demande, mais on ne nage pas dans les surplus.

L’une des causes de cette situation, c’est la retraite. Dans ce district, la moyenne d’âge des enseignants est de 48 ans, 55 pour les chauffeurs d’autobus et les concierges. C’est donc dire que d’ici sept ans, une grande proportion d’enseignants seront admissibles à la retraite.

C’est dans la région du Restigouche que cette situation frappe davantage, et elle est loin de s’atténuer. Le district s’attend en effet à un minimum de 24 départs à la retraite d’enseignants uniquement dans cette région au cours des quatre prochaines années, dont quatre au minimum dès septembre.

«C’est beaucoup de monde à remplacer. Il y a un gros défi qui s’annonce, car il y a peu de remplaçants. Et le peu qu’il y a, il faut les convaincre de venir chez nous alors qu’ils sont sollicités de toutes parts», admet le directeur général du DSF-NE, Marc Pelletier.

Celui-ci a eu écho que quatre diplômés restigouchois de la prochaine cohorte de l’Université de Moncton prévoyaient revenir travailler dans leur région. La situation serait donc maîtrisée pour septembre, mais la marge de manoeuvre demeure excessivement mince.

«On devrait être bon, quoique l’équilibre est très fragile. Ma crainte se situe davantage pour l’an prochain et la suivante. Par la suite, avec les nombres d’étudiants que l’on voit en Éducation à l’université, ça devrait commencer à remonter tranquillement. Cela dit, je ne pense pas qu’on aura beaucoup d’enseignants en surplus dans notre district pour les dix prochaines années» croit le directeur général.

Selon M. Pelletier, la situation du DSF-NE se compare à celle des DSF Nord-Ouest. Il concède qu’aussi difficile soit la situation des deux districts du Nord, elle ne se compare en rien aux besoins du DSF-Sud qui, cette année seulement, a dû composer avec 700 élèves additionnels dans ses écoles.

Nombre de retraités à la hausse dans le Nord, croissance exponentielle d’élèves dans le Sud… Deux réalités aux antipodes qui ont toutefois un point en commun, celui d’accentuer la problématique de la pénurie d’enseignants.

L’impact des départs à la retraite est tangible, et pas seulement au sein du personnel enseignant. Selon des données du ministère de l’Éducation, la proportion du personnel scolaire - tout poste confondu - admissible à un départ à la retraite d’ici les dix prochaines années dans les trois districts scolaires francophones atteint 36,5%. On parle de 340 postes au DSF-NE, 204 au DSF-NO et 390 au DSF-Sud.

COUP DE POUCE

Pendant plusieurs années, il y a eu plus de départs à la retraite d’enseignants que d’étudiants qui embrassent cette vocation. Cette tendance déficitaire serait toutefois sur le point de changer. À l’Université de Moncton, le nombre d’étudiants inscrits en enseignement est à la hausse. En fait, l’institution a augmenté le nombre de places il y a quatre ans, triplant ainsi le nombre de diplômés prévus dès cette année.

Pour 2022-2023, on compte un total de 618 futurs professeurs, tous cycles confondus. C’est quinze de plus que l’année précédente et près du double de ce qu’on retrouvait il y a cinq ans à peine.

«Nous sommes extrêmement fiers de cette augmentation et nous espérons pouvoir continuer sur cette montée pour les années à venir considérant que le secteur d’enseignement est en très forte demande», indique Nathalie Cormier, porte-parole de l’université. ■

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2023-04-01T07:00:00.0000000Z

2023-04-01T07:00:00.0000000Z

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