Édition numérique - Acadie Nouvelle

LA FRAGILITÉ DES DROITS LINGUISTIQUES

JESSICA SAVOIE

Blaine Higgs et son gouvernement annonçaient cette semaine l’abolition de la révision de la Loi sur les langues officielles, dont le processus se produit tous les 10 ans.

Selon le premier ministre, retirer cette obligation de mener des consultations sur la Loi permettrait de pouvoir y apporter des changements sur une base plus régulière, sans avoir besoin d’attendre une décennie pour le faire. Un drôle d’argument, selon moi, puisqu’il n’y a rien dans la loi qui proscrit le gouvernement de le faire, qu’il ait l’obligation de réviser la langue tous les 10 ans ou non.

Dans le même projet de loi que veut déposer le premier ministre, on verrait aussi la création d’un secrétariat aux langues officielles, dont l’objectif serait de consulter les différents paliers du gouvernement qui veulent améliorer la Loi sur les langues officielles.

En d’autres mots, je comprends que les ministères n’auront pas à travailler vers l’équité linguistique s’ils ne le désirent pas et ceux qui s’y intéressent pour de mauvaises raisons y auront un accès privilégié. La Commissaire aux Langues officielles, Shirley Maclean (une anglophone, de surcroît), croit que l’on est témoins d’un énorme recul avec ce projet proposé par le gouvernement Higgs.

Elle considère d’ailleurs que ces actions auront des conséquences néfastes sur l’équité entre les francophones et les anglophones. Mme Maclean est une femme brillante qui a étudié la question de façon impartiale et sous toutes ses coutures. J’ai confiance en son jugement lorsqu’elle se dit inquiète.

M. Higgs tente de dédramatiser la situation en faisant croire aux francophones qu’il sera tout à leur avantage de modifier nos façons de faire en matière de droits linguistiques.

Il a d’ailleurs envoyé ses trois fidèles conservateurs francophones (photo) défendre cette décision absurde devant les médias, essayant de convaincre les Acadiens que l’on doit leur faire confiance.

Glen Savoie, notre ministre de la Francophonie, semblait sûr de lui lorsqu’il a dit aux journalistes qu’il croyait aux bienfaits qu’apporteraient les changements proposés dans le projet de loi.

Tout comme Daniel Allain et Réjean Savoie, qui unissent leurs voix à celle de M. Higgs depuis le début, malgré les insultes perpétrées à l’encontre des communautés dans lesquelles ils ont grandi.

Je comprends les frustrations montantes à leur égard et le sentiment de trahison que ressentent plusieurs Acadiens depuis des mois.

Il est dommage que les élus concernés ne voient pas à quel point il sera difficile pour eux de regagner la confiance des électeurs francophones lorsqu’ils auront le plus besoin d’eux.

Lorsque viendra le temps de voter pour nos prochains dirigeants, n’oublions pas ceux qui ont tourné le dos à leur peuple au bénéfice de leur propre carrière. Tournons nos espoirs vers ceux qui ne nous ont jamais abandonnés, vers les Isabelle Thériault, les Kevin Arseneau, les Megan Mitton et les Benoît Bourque qui se tiennent la tête haute pour faire valoir nos droits de francophones.

Ceux qui n’ont pas peur de faire passer le bien-être d’autrui avant leur personne et les désirs qui viennent avec.

Nous sommes à un point tournant de notre histoire, assurons-nous que nos livres enseignent notre victoire et non notre défaite dans 50 ans d’ici.

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2023-04-01T07:00:00.0000000Z

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