Édition numérique - Acadie Nouvelle

L’HOMME DE CAOUTCHOUC

Le quatrième chapitre de la saga John Wick est à l’image des trois précédents: de l’action magnifiquement chorégraphiée, un Keanu Reeves impassible et un scénario qui pourrait tenir sur un timbre. Tout cela, pour le meilleur et pour le pire.

Le phénomène John Wick ne se dément pas. Née en 2014 quand le cascadeur Chad Stahelski est passé derrière la caméra, la franchise a depuis généré des recettes de trois quarts de milliard de dollars (pour un budget cumulatif de 235 millions $). Chacun des quatre films a de plus obtenu une note positive de neuf critiques sur dix, en moyenne.

Parler de saga culte n’est pas du tout exagéré, même si, personnellement, je ne comprends vraiment pas l’attrait pour ce culte des armes et cette violence gratuite. Le Biélorusse John Wick (Reeves) est un ancien tueur à gages qui a choisi de prendre sa retraite quand sa femme est décédée d’une longue maladie. Sauf que quand des truands ont abattu son chien, celui qui est connu sous le nom de Baba Yaga a exercé sa vengeance, froissant du même coup le chef de la Table haute, une puissante élaborée organisation d’assassins.

Depuis, soit Wick passe au hachoir les tueurs que la Table haute envoie à ses trousses, soit il va au-devant des coups et tire sur tout ce qui bouge afin de s’approcher de celui qui a mis un contrat sur sa tête.

Dans ce quatrième opus, l’assassin bien fringué convoque le maître de la Table haute (Bill Skarsgård, plus verbeux que physique) dans un duel. Auparavant, il devra toutefois regagner les bonnes grâces de sa «famille» et échapper à la centaine de tueurs qui sont sur ses traces (dont le très impressionnant non-voyant Donnie Yen)

DU BON ET DU MOINS BON

Tout d’abord, un avertissement: une bonne connaissance des trois premiers épisodes de la franchise est nécessaire pour apprécier John Wick: Chapitre 4. C’est aussi très (et inutilement) long: 151 minutes.

Chad Stahelski démontre toutefois un talent exceptionnel pour l’esthétisme. Certains décors (les vieilles cathédrales, la tour Eifel, les musées, un bar technonoir) sont magnifiques.

Stahelski prouve également qu’il est le meilleur au monde pour imaginer et tourner des scènes compliquées de cascade. Celle qui se déroule au rond-point de l’Arc de triomphe, en plein coeur de Paris, est d’une complexité rarement vue au cinéma.

Le problème, c’est que l’histoire est secondaire (après 60 minutes, on ignore encore quel est l’enjeu du film), le réalisme est secondaire (la police n’intervient jamais malgré les milliers de coups de feu) et la logique est secondaire (Wick tue des pères et des fils par dizaines, mais n’accepte pas qu’un chien soit abattu...).

Tout ce qui compte, c’est l’esthétisme. On en vient à ne plus se soucier du sort de Wick parce que, tel un homme de caoutchouc, même s’il prend suffisamment de coups pour assommer dix éléphants dopés aux amphétamines, il s’en sort chaque fois sans la moindre égratignure.

Les amateurs d’action vont adorer. Personnellement, je me suis davantage amusé à recenser toutes les absurdités du scénario. Chacun son truc, j’imagine...

ARTS ET SPECTACLES

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2023-04-01T07:00:00.0000000Z

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