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Langues officielles: un compromis du gouvernement, mais pas de terrain d’entente

Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouvelle.com

Le premier ministre a mis de l’eau dans son vin et n’éliminera pas la révision obligatoire de la Loi sur les langues officielles. Mais cela ne suffit pas pour les partis d’opposition, qui veulent davantage de changements avant de voter en faveur du projet de loi.

Le projet de loi de Blaine Higgs visant à modifier la Loi sur les langues officielles (LLO) contient deux grands changements: la création d’un secrétariat des langues officielles et le retrait de l’obligation de réviser cette loi à une telle date.

Des amendements ont toutefois été adoptés, mardi, pour rétablir l’obligation du premier ministre de réviser la Loi sur les langues officielles tous les dix ans.

Le premier ministre Blaine Higgs est toujours d’avis que cette révision obligatoire est redondante. Il voulait plutôt que la révision de la loi passe dorénavant par le secrétariat, un organisme gouvernemental.

Mais il a accepté de rétablir cette partie de la loi pour tenter d’obtenir l’appui unanime des membres de l’Assemblée législative.

Par le passé, les gouvernements de Bernard Lord et de David Alward ont négocié avec l’opposition en vue d’adopter les modifications à cette loi à l’unanimité.

Mais cette marche arrière du gouvernement n’est pas suffisante pour les partis d’opposition, qui signalent qu’ils ne voteront pas en faveur de ce projet de loi à moins d’autres modifications, dont la création d’un comité permanent des langues officielles à l’Assemblée législative. Les partis d’opposition ont déjà demandé ce changement, qui a été rejeté par le gouvernement.

La création de ce comité doit passer par une modification de la loi, et ne peut pas être réglée uniquement par le travail du secrétariat.

Blaine Higgs pourrait donc être le premier à rompre la tradition d’une adoption unanime.

«Évidemment, je suis déçu qu’on ne l’aura pas si c’est bel et bien le cas», dit le premier ministre.

L’OPPOSITION VEUT DU «PROGRÈS»

Le député vert Kevin Arseneau estime que le fait de rétablir la révision obligatoire ne suffit pas.

«On a enlevé quelque chose, et ensuite on veut le remettre et nous le vendre comme quelque chose de nouveau», a-t-il exprimé en chambre.

Il veut un «progrès vers l’égalité réelle» des deux communautés linguistiques.

«Lorsqu’on n’a pas atteint l’égalité réelle, un statu quo, c’est un recul.»

Le député libéral Benoît Bourque estime que le gouvernement ne semble pas disposé à adopter les changements demandés par l’opposition.

Il a notamment tenté de diminuer le délai avant une révision de la loi à sept ans, une sorte de compromis entre la période de dix ans contenue dans la loi et le délai de cinq ans privilégié par le rapport Finn-McLaughlin sur la révision de la Loi sur les langues officielles. Le gouvernement a rejeté cette tentative des libéraux.

«Si la tendance se maintient, il risque d’y avoir, pour la première fois de l’histoire, un projet de loi sur la révision de la LLO qui n’est pas unanime à l’Assemblée législative. Pour moi, c’est tragique, ce serait très malheureux», dit Benoît Bourque.

Mais il trouve que le projet de loi du gouvernement n’est pas suffisant pour l’opposition officielle malgré le compromis du premier ministre.

«C’est bien qu’ils soient revenus à la case départ, mais ce n’est pas un progrès», dit le député libéral Benoît Bourque.

PAS DE COMITÉ, TRANCHE HIGGS

Malgré la demande des partis d’opposition, Blaine Higgs affirme à nouveau qu’il ne veut pas créer un comité permanent de l’Assemblée législative pour se pencher sur la question des langues officielles.

Il affirme qu’il faut régler les problèmes des individus et des communautés qui ne peuvent pas avoir des services dans les deux langues officielles dans le but d’atteindre «l’harmonie» dans la province.

«À l’Assemblée, tout devient un débat public ouvert au lieu d’un problème à régler», déplore-t-il.

Il espère que le secrétariat «fera ses preuves» et il estime qu’un comité de l’Assemblée n’est pas nécessaire. ■

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