Édition numérique - Acadie Nouvelle

UNE PUCE AU PIED DE L’EVEREST

RINO MORIN ROSSIGNOL morinrossignol@gmail.com

Je ne sais plus que penser de tous ces feux de forêt qui accablent le Canada, particulièrement en Colombie-Britannique, en Alberta, au Québec. Mais je n’oublie pas non plus ceux de la Nova Scotia. Je pense aux milliers de personnes affectées par ces terribles événements et je ressens profondément leur désarroi. Je leur dis: Courage!

Cette situation catastrophique apporte un retentissement spectaculaire aux propos des environnementalistes qui ne cessent de nous mettre en garde contre les effets désastreux du réchauffement climatique.

Selon l’ONU, et je cite en gros, ce réchauffement climatique provoque une hausse des températures, un accroissement de la gravité des tempêtes, un accroissement des sécheresses, le réchauffement et la montée des océans, une perte de biodiversité, une pénurie alimentaire, une augmentation des risques pour la santé, et une pauvreté qui entraîne des déplacements de personnes par millions chaque année.

On se retrouve avec des sécheresses, des inondations, des écarts de température hors norme, des glissements de terrain, des tempêtes de sable, de neige, de grêle et de verglas jamais vues, sans oublier la désertification, les tornades, la fonte des glaciers, et j’en passe. Et ces spectaculaires feux de forêt, de toute évidence.

Ces constats, et les prédictions tout aussi consternantes avancées par les multiples chantres de l’environnement, ne peuvent que nous interpeller sérieusement, même si, trop souvent, on nous assène ces «projections» avec des effets de manche qui peuvent nuire, par leur exagération, au bien-fondé de leur argumentation.

Quand je parle d’exagération, je pense, par exemple, à ceux qui nous annoncent la fin du monde d’ici douze ans comme si c’était une chose faite. Ou encore, aux admonestations de la jeune Greta Thunberg qui fait la leçon aux leaders du monde dans des exposés théâtraux qui finissent par faire oublier son propos tant son jeu «exubérant» détourne l’attention. D’ailleurs, elle le reconnaît elle-même puisqu’interrogée en octobre 2019 à la télé française, elle affirmait: «Si je vous dis qu’il y a le feu ici, normalement c’est le feu que vous devez regarder et pas moi. Et pourtant, en ce moment, ce que les gens regardent, c’est moi!». Mais je fais le pari qu’elle va finir par trouver le juste milieu.

Je relis mon dernier segment et je me dis: T’as pas honte de parler ainsi de la passionaria écolo suédoise? Tu fais pareil! Toétou t’en mets souvent plus que le client en demande!

C’est vrai. Parfois, il faut hurler plus fort que les loups pour que le message passe, sauf que trop souvent, le cri enterre le message. Je l’ai appris avec le temps. Ça doit être la sagesse.

En fait, je l’aime Greta. Elle a réussi l’exploit de capter l’attention des dirigeants de la planète. Ceux-là mêmes qu’on accuse régulièrement de manquer à leurs obligations dans la question environnementale pour cause d’ignorance, d’incompétence ou d’indifférence. Mais, en réalité, nous sommes tous responsables de l’environnement!

Je suis le premier à manquer à mes obligations vertes. Ce qui ne fait pas de moi un climatosceptique pour autant! Oui, il m’arrive de jeter un truc en plastique ou un sac en papier dans la poubelle des déchets domestiques, en plus de restants de table qui iraient mieux dans un bac à compost.

J’ai presque honte de l’écrire. Et c’est là, je pense, mon plus gros désaccord avec certains environnementalistes: la culpabilité.

La culpabilité induite par les objurgations de certains écolos qui font dans le prosélytisme tous azimuts. Pour nous convaincre – je devrais dire: pour nous convertir – cette catégorie d’écolos-prêcheurs nous culpabilisent. Souvent, ils recourent à une rhétorique émotionnelle qui ne nous éclaire aucunement sur la véracité de leurs arguments, mais vise plutôt à susciter notre adhésion «à la cause» en créant chez nous une sorte de peur de l’avenir.

En gros, ils nous menacent: «Si tu veux pas que ça arrive, ben, fais telle chose. Sinon, ce sont nos enfants qui vont en souffrir. Tu les prives d’un avenir!» Quand on tombe dans le registre de la menace, du chantage et de la culpabilité, je décroche.

J’ai beau avoir adopté des principes de simplicité volontaire, on dirait que ça ne suffit pas. J’ai beau contribuer au recyclage, tout en étant conscient qu’environ «la moitié des matières recyclables générées par les Québécois se retrouvent encore aujourd’hui dans des dépotoirs plutôt que d’être recyclées», selon un article de Radio-Canada de 2019, j’ai le sentiment de ne jamais en faire assez.

Tenez, on nous parle abondamment des gaz à effets de serre. En particulier, du dioxyde de carbone (CO2). On parle de notre empreinte carbone. On parle de décarboner. On parle de crédit carbone. Y a même une taxe sur le carbone.

On dit aussi que le transport aérien est responsable de 2 à 3% des émissions mondiales de CO2. Pendant la pandémie, il fut largement interrompu. Mais aussitôt après la pandémie, on s’est garroché dans l’avion, d’un bord à l’autre de la planète, comme si de rien n’était. Il semble que personne n’ait rien appris. Sauf Greta, qui, fidèle à ses principes, ne prend plus l’avion.

Mais je n’ai rien contre l’avion ou ceux qui l’utilisent. Je montre simplement qu’on a beau être contre les changements climatiques, tant et aussi longtemps que ne seront pas taries les sources majeures qui influent sur les effets de serre qui influent sur le climat qui influe sur la météo, on restera impuissant devant la nature qui passe sa rage sur nous.

Politique de la terre brûlée, version cosmique?

Alors, quand j’écoute les bulletins de nouvelles spéciaux actuels sur les feux de forêt, je ne sais tout simplement pas qu’elle autre attitude je devrais adopter, sauf celle d’être consterné et de me sentir impuissant, de me sentir gros comme une puce au pied de l’Everest.

Han, Madame?

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2023-06-07T07:00:00.0000000Z

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