Le taux de décès annuel par 1000 visites a été de 1,97 à l’urgence de Stella-Maris en 2023, soit plus élevé que celui du CHU Dumont (1,45).

«Les chiffres vont mesurer des phénomènes, mais pas nécessairement nous expliquer le pourquoi derrière. Il faut aller plus loin», déclare la professeure à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton, Claire Johnson.

«N’oublions pas que l’on va à l’urgence lorsqu’on est très malades. Alors des décès dans les salles d’urgence, ce n’est pas si inhabituel que ça. Mais quand on voit que les chiffres sont plus élevés que 2, on voudrait fouiller un peu plus.»

Elle juge certains taux de décès élevés à Stella-Maris.

«C’est très frappant», dit-elle.

«On se questionne beaucoup sur la relation ou le partenariat qui existe entre StellaMaris et le CHU Dumont. On entend des échos que des fois, Stella-Maris ne se sent pas aussi bien soutenu qu’il voudrait par le CHU Dumont. On ne sent pas toujours qu’il (CHU Dumont) a la capacité d’accepter les patients que eux (Stella-Maris) voudraient transférer.»

Mme Johnson précise émettre des hypothèses. Elle se demande aussi pourquoi le taux de décès était de 4,02 par 1000 visites en septembre 2023 à l’urgence de Sainte-Anne-de-Kent.

Tout l’automne 2023 a été difficile dans ce service avec des ratios supérieurs à 2 décès par 1000 visites, soit 4,02 en septembre, 2,91 en octobre et 3,49 pour novembre.

Selon la professeure, ces chiffres illustrent l’importance de mesurer et regarder les données.

«Sinon, on ne se rendrait pas nécessairement compte de ces types de phénomènes.»

Lorsqu’on compare les urgences des hôpitaux du Réseau Vitalité en 2023 en fonction des nombres de décès mensuels (minimum, maximum, répartis par quartiles), on constate qu’un petit hôpital comme StellaMaris a un profil proche d’un grand, comme le CHU Dumont.

La professeure en gestion des services de la santé émet l’hypothèse que plus de cas graves de Stella-Maris devraient être transférés au CHU Dumont.

«En théorie, on devrait voir plus de décès au CHU Dumont. Ce ne serait pas alarmant de voir ça, car c’est un centre plus gros, plus spécialisé. Logiquement, on peut s’attendre que les cas plus graves iraient là. Avec des cas plus graves, viennent plus de décès, ce qui est normal.»

«Ce que l’on propose dernièrement, c’est probablement une bonne idée», affirme-telle, en faisant référence à Vitalité qui transfert depuis le 29 janvier des cas aigus de StellaMaris vers le CHU Dumont.

Les chiffres indiquent par ailleurs que dans plus de 60% des cas, les visites à l’urgence de Stella-Maris concernent des soins peu urgents (de niveaux 4 et 5 sur l’échelle canadienne de triage et de gravité).

«Je dirais que ça nous signale potentiellement qu’il y a un problème avec l’accès aux soins primaires. Quand les gens n’ont pas accès à leur médecin de famille ou infirmière-praticienne, ils atterrissent aux urgences pour des cas non urgents», commente Claire Johnson.

Précisons que Mme Johnson sera candidate libérale dans Moncton-Sud aux prochaines élections provinciales.

Invité à fournir des explications, le Réseau de santé Vitalité a fait savoir par courriel qu’il n’était pas en mesure de formuler d’hypothèses au sujet des analyses statistiques effectuées à partir de ses données concernant les décès et visites à l’urgence.

«Nous vous invitons à faire preuve de prudence quant à l’interprétation de données, le manque de contexte ou de compréhension du système de santé pouvant mener à des analyses erronées ou incomplètes», a indiqué le Réseau.

L’Hôpital Stella-Maris a compté 16 nuits de fermeture de l’urgence en 2023. ■