Vapotage: le gouvernement provincial poussé à hausser l’âge légal sans attendre
La Société canadienne du cancer exhorte le gouvernement du Nouveau-Brunswick à augmenter l’âge légal d’achat de produits de tabac, y compris les produits de vapotage, de 19 à 21 ans.
Devin Ashton-Beaucage devin.ashton-beaucage@acadienouvelle.com
Selon la SCC, le nombre d’élèves qui vapotent est quatre fois plus élevé que le nombre de fumeurs de cigarettes traditionnelles.
«C’est incroyable le problème qu’on a actuellement dans nos écoles! C’est essentiel d’avoir de nouvelles mesures», martèle l’analyste des politiques à la Société canadienne du cancer Rob Cunningham.
La Dre Sanja Stanojevic, professeure associée au département de Santé communautaire et d’épidémiologie de l’Université Dalhousie, abonde dans le même sens.
«En ce qui concerne la popularité croissante du vapotage chez les jeunes, en particulier les adolescents et les élèves du secondaire, nous avons observé des augmentations sans précédent que personne ne pouvait anticiper», dit-elle, ajoutant que les chiffres liés à cette tendance deviennent obsolètes aussitôt qu’ils sont rendus accessibles vu la rapidité de la croissance.
La SCC indique que, tel qu’observé dans d’autres États, augmenter l’âge légal d’achat de produits de tabac réduit la possibilité pour les jeunes de s’en procurer.
C’est notamment le cas de trente États américains ainsi que de l’Île-du-PrinceÉdouard qui, depuis le 1er mars 2020, a changé l’âge légal d’achat de produits de tabac ou de cigarettes électroniques de 19 à 21 ans.
«Cette mesure est efficace, simple et a l’appui du public. On devrait donc la mettre en place le plus tôt possible», affirme M. Cunningham.
Pour soutenir ses dires, il évoque des études de l’Institut of Medicine aux ÉtatsUnis (maintenant devenu le National Academy of Medicine) qui ont démontrées que de changer l’âge légal de 18 à 21 ans peut provoquer une réduction de tabagisme chez les 18-19 ans de 15%. Ce chiffre augmente à 25% chez les 15-17 ans.
«C’est logique. Si on a 16 ou 17 ans, il y a de bonnes chances que l’on connaisse quelqu’un qui en a 19 – que ce soit un frère, une soeur ou un ami – qui peut acheter et revendre ou fournir, illustre-t-il. On risque moins de connaître quelqu’un de 21 ans. Alors, ça devient plus compliqué.»
M. Cunningham ajoute qu’il est également plus difficile pour un adolescent de flouer un commerçant en se faisant passer pour une personne de 21 ans plutôt qu’une personne de 19 ans.
DÉJOUER L’INDUSTRIE DU TABAC
Au Canada, le taux de nicotine dans les produits de vapotage n’est pas censé dépasser les 20mg par ml selon la loi fédérale. Malgré cela, M. Cunningham indique que ce règlement est souvent contourné, favorisant ainsi le développement de dépendance. Selon lui, le gouvernement doit chercher à comprendre l’inefficacité de son encadrement afin de le rendre plus efficace et protéger les adolescents.
Le Nouveau-Brunswick a déjà mis en place des restrictions sur la vente de certaines saveurs, les étalages de produits de vapotage et la publicité, limitant ainsi l’attrait auprès de jeunes, ce que la SCC applaudit. Elle voudrait, par contre, voir le gouvernement provincial passer à l’action en ce qui concerne l’interdiction des cigarettes électroniques jetables, arrivées en 2022 au Canada. Celles-ci se vendent à moindre coût et sont donc plus populaires auprès des jeunes.
M. Cunningham donne en exemples la Nouvelle-Zélande, qui a déjà banni la vente de plusieurs types de cigarettes électroniques jetables, ainsi que la France, dont la première ministre Elisabeth Borne a fait part de son intention de mettre en place une telle interdiction le 3 septembre dernier.
Il affirme également que la popularité de ces produits relativement récents auprès des adolescents a pu être démontrée au Royaume-Uni et aux États-Unis, où ils ont été vendus avant d’arriver au Canada.
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