Encore du travail à faire pour protéger les aînés dans les foyers de soins
Le Défenseur des aînés du Nouveau-Brunswick, Kelly Lamrock, a remis un rapport de suivi des recommandations faites par son prédécesseur au gouvernement provincial, à la suite d’un homicide dans un foyer de soins.
Cédric Thévenin cedric.thevenin@acadienouvelle.com
«La participation active du ministère du Développement social a permis de réaliser des progrès significatifs en matière de formation, de normes et de protocoles d’enquête», a déclaré M. Lamrock.
Le fonctionnaire indépendant pense en revanche que le gouvernement provincial a encore du travail à faire pour protéger les résidents des foyers de soins. Il évoque des progrès possibles dans la réglementation des interactions entre les établissements et les familles, l’existence d’un protocole concernant les violences, la communication au public et le financement des inspections et des rapports d’enquête.
Le précédent Défenseur des aînés, Norman Bossé, a publié 13 recommandations visant à éviter la violence entre résidents de foyers de soins en janvier 2022.
Le ministère du Développement social en a mis en place deux, il a offert des solutions alternatives pour deux autres d’entre elles et en a largement appliqué deux. En revanche, le ministère a mis en oeuvre de façon limitée trois suggestions et en a refusé une, selon M. Lamrock.
«Le ministère du Développement social a fait preuve d’une réticence à agir, a-t-il dénoncé. La déférence à l’égard de la nature privée des foyers de soins a mis les personnes âgées en danger et, dans de nombreux cas, cette déférence a eu un effet dissuasif sur le signalement d’interactions négatives par crainte de représailles.»
M. Lamrock exhorte le gouvernement à se souvenir que les soins aux personnes âgées constituent une mission de service public, même si les élus ont choisi d’en confier l’offre à des organismes privés (associations sans but lucratif et entreprises).
«Les garderies sont rigoureusement réglementées et inspectées. Les districts scolaires dépendent du ministre de l’Éducation. Les professions qui impliquent une confiance publique et un déséquilibre des pouvoirs - médecins, avocats, psychologues, massothérapeutes - font toutes l’objet d’une surveillance rigoureuse. Il devrait en être de même pour les établissements privés de soins de longue durée», insiste-t-il.
Le Défenseur des aînés note que ce sont les hôpitaux publics qui prennent en charge les personnes âgées vulnérables quand les foyers de soins manquent de capacité.
«Il existe une culture de respect des intérêts privés dans les soins de longue durée, dénonce cependant M. Lamrock. Nous avons vu l’Association des foyers de soins du NouveauBrunswick insister pour qu’elle aide à diriger des examens indépendants, comme si c’était une chose normale.»
TROUBLE DU DÉFENSEUR
Il exprime son trouble devant le refus du ministère du Développement social de modifier les normes des foyers de soins pour obliger leurs équipes à être compatissantes dans leurs interactions, leurs soins et les personnes en deuil.
Le gouvernement a nié que l’existence d’un manque de compassion pour les familles en deuil est un problème systémique. Il a ajouté qu’il outrepasserait son mandat en imposant une réglementation à ce propos.
«C’est prétendre que le ministère est impuissant à le faire même si c’est dans l’intérêt public. Cela va clairement à l’encontre de l’interprétation ordinaire de la Loi», critique M. Lamrock.
Le Défenseur des aînés constate aussi que le gouvernement juge son rôle et son autorité limités dans les plaintes des résidents des foyers de soins. Il lui a proposé de créer un processus standardisé, de s’assurer que chaque établissement désigne un Comité indépendant de gestion de plaintes et des comités de résidents ou de famille. Il estime faible la mise en place de ces recommandations.
M. Lamrock remarque par ailleurs que le ministère du Développement social a probablement besoin de plus de ressources pour l’inspection et la production de rapports publics sur les données agrégées découlant des inspections.
DÉCÈS ÉVITABLE
En janvier 2022, son prédécesseur a publié un rapport d’enquête sur l’homicide d’un résident de foyer de soins de 91 ans par un autre résident souffrant de démence. Norman Bossé a déterminé que l’enquête menée par le ministère du Développement social avait été superficielle et inadéquate.
«La mort de George [nom fictif ] aurait pu être évitée. Le foyer de soins aurait dû intervenir […] et offrir plus de supervision», a-t-il affirmé.
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2023-07-17T07:00:00.0000000Z
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