Selon des renseignements obtenus par le syndicat de la part du gouvernement provincial, le recours aux infirmières itinérantes pour combler les lacunes en main-d’oeuvre a coûté une jolie somme au trésor public depuis le mois d’avril.

Du premier avril 2023 au 31 août 2023, le Réseau de santé Vitalité a dépensé 34 millions $ sur ces services. Horizon, de son côté, a dépensé 23 millions $ pendant la même période, selon les informations du syndicat.

Paula Doucet, présidente du syndicat, se dit atterrée par le fait que la province est prête à dépenser trois fois plus pour les infirmières d’agences que pour les infirmières salariées et syndiquées.

D’après le SIINB, il coûte environ 142$ par heure à la province pour les services des infirmières d’agences, alors que le salaire horaire d’une infirmière immatriculée en milieu de carrière est de 45,67$.

Elle rappelle aussi que le N.-B. a un grave problème de ressources humaines dans le système de santé.

«Le problème ne fait que s’accentuer lorsque notre gouvernement utilise l’argent des contribuables pour payer des agences privées de personnel infirmier à but lucratif pour combler les ressources insuffisantes dans notre système, et que cet argent des contribuables quitte en fait le Nouveau-Brunswick», indique-t-elle par voie de communiqué.

Le syndicat des infirmières demande au gouvernement provincial de s’engager à ne plus avoir recours aux infirmières itinérantes d’ici 2025.

Le syndicat indique que le gouvernement du Québec s’est engagé, par l’entremise d’un projet de loi, à ne plus avoir recours aux travailleurs indépendants dans son système de santé d’ici 2026, sauf pour des exceptions énoncées par règlement.

Bruce Fitch, ministre de la Santé, a affirmé mardi que l’augmentation de 162 millions $ des dépenses en santé au deuxième trimestre est due à plusieurs facteurs, mais qu’elle est essentiellement attribuable au coût des infirmières d’agences.

Le ministre affirme qu’il faut songer aux soins avant tout, et que les infirmières d’agences sont «un outil» utilisé par les régies pour leur permettre d’offrir des soins malgré la pénurie de main-d’oeuvre. Il assure que c’est temporaire et que l’usage d’infirmières d’agences va diminuer.

«Je veux voir un N.-B. sans infirmières d’agences, c’est une méthode intérimaire que les régies utilisent pour offrir des soins aux patients».

Le ministre n’a pas voulu s’engager à fournir une date cible pour que le N.-B. cesse de faire appel à ces services, comme le demande le SIINB. Quand on lui a demandé pourquoi, il a répondu «parce que vous allez me critiquer si je manque [la cible].»

M. Fitch affirme que son gouvernement mise sur le recrutement international et qu’il a augmenté le nombre de places dans les programmes de sciences infirmières dans les universités du N.-B. parmi d’autres mesures.

D’après son ministère, le N.-B. les régies ont fait un gain net de 113 infirmières depuis le 1er avril.

Susan Holt, chef du Parti libéral, estime que les 57 millions $ dépensés pour les infirmières d’agences auraient pu être mieux investis en améliorant les conditions de travail et les appuis pour les infirmières de carrière qui travaillent déjà dans le système.

«Ils auraient pu agir il y a longtemps pour la rétention des infirmières», déplore-t-elle.

Megan Mitton, du Parti vert, affirme que les gouvernements successifs ont créé le problème de la main-d’oeuvre par leur inaction, et qu’ils ont maintenant recours à des «solutions d’urgence».

«Ils ont échoué à faire les investissements appropriés en formation, en recrutement et en rétention d’infirmières», dit-elle.

Elle estime que le gouvernement devrait rectifier cela et investir dans la formation et la rétention des infirmières qui sont déjà en poste. ■