Édition numérique - Acadie Nouvelle

Doit-on interdire le cellulaire en classe?

Après l’Ontario, en 2019, et le Québec prochainement, le Nouveau-Brunswick devrait-il interdire le cellulaire en salle de classe dans ses écoles?

Bobby Therrien bobby.therrien@acadienouvelle.com IJL – Réseau.Presse – Acadie Nouvelle

Pour le moment, le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance préconise une approche plutôt souple, laissant essentiellement les districts et même les écoles décider de la façon dont ils veulent gérer cette situation.

«Le ministère encourage l’utilisation responsable de la technologie en classe, car elle peut servir à améliorer l’expérience d’apprentissage de nos élèves à l’ère du numérique. À l’heure actuelle, les écoles et les districts sont responsables de leurs propres politiques concernant l’utilisation des téléphones portables», peut-on lire dans une réponse envoyée par courriel.

Par conséquent, le District scolaire francophone Sud (DSFS) ne prévoit pas interdire l’utilisation du cellulaire en salle de classe pour le moment. Selon le directeur des relations stratégiques du district, Jean-Luc Thériault, la décision de permettre l’utilisation des cellulaires en salle de classe revient aux enseignants ou aux directions d’écoles.

«Le DSFS reconnaît l’importance des outils technologiques dans l’expérience éducative des personnes apprenantes. Ils permettent bien souvent d’avoir une meilleure participation de leur part en classe. La situation varie d’une école à une autre, mais les cellulaires sont généralement permis en classe et, la plupart du temps, tout se déroule assez bien.»

Selon le porte-parole du DSFS, plusieurs enseignants permettent l’usage des cellulaires lors d’activités d’apprentissage, tandis que d’autres choisissent tout simplement de l’interdire pour éviter toute distraction. Une constante: les cellulaires doivent être rangés lors des évaluations.

Même son de cloche du côté du NordOuest, alors que le district scolaire de la région n’a pas l’intention d’intervenir pour l’instant.

Parlant des nouvelles technologies dans leur ensemble, le directeur général du DSFNO, Luc Caron, estime qu’elles sont de formidables sources d’apprentissage, mais aussi de grandes sources de distraction, surtout lorsqu’il est question des téléphones cellulaires.

«Nous faisons donc confiance à nos écoles en ce qui a trait à leur utilisation. Celles-ci basent leurs décisions à ce sujet selon leur propre réalité, selon la dynamique dans leurs salles de classe et durant les autres périodes de leur vie scolaire.»

Dans le District scolaire francophone Nord-Est, on ne songe pas non plus à mettre en place des mesures pour restreindre l’usage du cellulaire en salle de classe, s’en remettant plutôt au jugement des enseignants.

Selon les directives canadiennes en matière de mouvement, il est recommandé qu’une personne de 5 à 17 ans limite son temps d’écran à deux heures par jour.

Or une étude auprès de jeunes francophones en milieu minoritaire menée par le chercheur Sylvain St-Onge, pour le compte de l’Institut de recherche sur les minorités linguistiques, montre que les répondants, âgés de 16 à 25 ans, passent une moyenne de six heures par jour d’école en ligne alors que près de 30% y passent même plus de huit heures.

TROUVER UN JUSTE MILIEU

Le professeur en science de l’éducation à l’Université de Moncton, campus de Shippagan, Florent Michelot, croit qu’il est possible de trouver une solution entre l’interdiction complète des cellulaires et une prolifération trop poussée de ces nouvelles technologies.

Selon lui, des décisions de la sorte doivent s’accompagner d’une réflexion sur la finalité de l’utilisation du cellulaire et des autres outils numériques en contexte éducatif.

«On est constamment entre des approches qui sont un peu caricaturales. Soit qu’il faut interdire ou soit qu’il y a les marchands du temple qui veulent mettre du numérique partout. La solution est beaucoup plus nuancée et se trouve un petit peu entre les deux. Quand on intègre un outil, il faut savoir pour quelle raison il est là.»

Il croit cependant que le ministère de l’Éducation et de la Petite enfance du Nouveau-Brunswick doit mieux encadrer ses écoles afin que les directives par rapport à l’utilisation d’un appareil comme le cellulaire en salle de classe soient plus uniformes.

«Les profs (qui doivent appliquer ces règles) sont compétents et ont une tête sur les épaules, mais, malheureusement, comme pour beaucoup de choses, on les laisse se débrouiller avec ça. Je pense que l’on a tout intérêt à ce que le gouvernement intervienne en la matière pour donner des balises communes et qu’elles soient communiquées de façon claire aux parents.»

Selon M. Michelot, l’utilisation du cellulaire chez les jeunes est plus large que ce qui se produit à l’intérieur des murs d’une école. Il s’agit avant tout d’une question de savoir-vivre qui requiert l’implication de la communauté.

«Les parents et l’ensemble de la communauté doivent apprendre à nos plus jeunes comment se comporter correctement avec des outils numériques. Si on n’a pas ces notions à la maison, il est logique que l’on ait des problèmes de comportement à gérer en classe.»

«Il serait donc judicieux d’y aller avec plus de campagnes de sensibilisation pour mettre en relief les pratiques numériques qui sont plus ou moins acceptables, sans tomber dans un discours de peur par rapport au numérique.»

Si le Nouveau-Brunswick décidait d’emboîter le pas de ses homologues du Québec et de l’Ontario, Florent Michelot suggère de préconiser une approche plus souple issue d’une analyse de ce qui se fait actuellement dans les écoles de la province.

«Je comprends ce qu’ils font au Québec et ce qu’ils ont fait dans des pays comme la Suède, mais il faudrait se donner les moyens de regarder ce qui a été fait, documenter le tout et choisir la stratégie qui a été la plus efficace. On n’est pas obligé de partir en fou et d’intervenir du jour au lendemain.» 

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