Chirurgies: les régies de la santé s’attaquent aux très longues attentes
Cédric Thévenin cedric.thevenin@acadienouvelle.com
Le Conseil de la santé du Nouveau-Brunswick pense que les régies réussiront à éliminer la liste de patients en attente d’une chirurgie de la hanche et du genou depuis plus d’un an d’ici mars 2024. Il les encourage maintenant à pratiquer les chirurgies dans les délais prescrits.
«Nous prévoyons l’élimination des listes de patients qui attendent plus d’un an pour une chirurgie d’ici le printemps prochain, affirme le directeur du Conseil de la santé du Nouveau-Brunswick (CSNB), Stéphane Robichaud. Il faut toutefois que les capacités du système de santé et la demande ne changent pas drastiquement.»
Le plan du ministère de la Santé, déposé en novembre 2021, annonçait la réalisation de ce but au troisième trimestre de l’année budgétaire 2022–2023.
M. Robichaud précise que les dirigeants du système de santé ont choisi de se concentrer sur cet objectif il y a un an, après la fin des lourdes répercussions de la pandémie de COVID-19.
Il explique que les très longues attentes pour des chirurgies minent la capacité des régies à diminuer le nombre de patients qui obtiennent une opération dans les délais canadiens de référence (six mois pour un remplacement du genou, par exemple).
«Le poids de ceux qui patientent très longtemps n’est pas le même partout dans la province, détaille M. Robichaud. Il est plus lourd là où il y a de gros volumes d’opérations à faire. Certaines régions sont donc plus rapides que d’autres à s’attaquer aux attentes de plus de 182 jours [pour une chirurgie de la hanche ou du genou].»
SOIGNER À TEMPS
L’objectif sur lequel devraient se concentrer les membres du système de santé est dorénavant celui-ci, selon le CSNB: respecter les délais recommandés et médicalement acceptés au Canada.
«Pendant la pandémie, les interventions chirurgicales ont connu des retards dans l’ensemble du Canada, ce qui a entraîné une baisse du pourcentage d’interventions chirurgicales réalisées à l’intérieur des délais de référence», note l’organisme public indépendant.
De janvier à mars 2023, le système de santé néo-brunswickois a effectué 34% des chirurgies de remplacement de la hanche et 26% des chirurgies de remplacement du genou en moins de six mois, par exemple. Le délai d’attente médian pour compléter une chirurgie s’est également détérioré, selon le CSNB.
CHOISIR SON CHIRURGIEN
«Il y a des lacunes dans le système de santé pour gérer les listes d’attente de façon coordonnée, intégrée et constante, explique M. Robichaud. Ça se fait à la pièce. Mais il y a des efforts sur ça, notamment pour donner plus de latitude aux patients dans la sélection d’un spécialiste en fonction de sa liste d’attente.»
Il évoque un tableau de données créé par le gouvernement du Nouveau-Brunswick et accessible en ligne. On peut y voir, par exemple, que deux chirurgiens de l’hôpital régional Chaleur accomplissent 90% de leurs opérations de remplacement du genou dans des délais très différents: 512 jours pour l’un et 144 jours pour l’autre.
«Les médecins ont tendance à toujours envoyer leurs patients aux mêmes spécialistes, parce qu’ils leur font confiance, commente M. Robichaud. Par conséquent, les chirurgiens populaires auprès de leurs collègues ou plus anciens dans le système, reçoivent beaucoup de références et ont beaucoup plus de temps d’attente.»
Il espère que la page internet du gouvernement provincial au sujet des délais d’attente pour la chirurgie aidera les médecins de famille et les patients à choisir les spécialistes ayant le plus de disponibilités.
«Ce serait bon que davantage de gens soient conscients que ce portail existe, car cette source d’information n’est pas encore utilisée de façon aussi constante que nous l’aimerions», dit M. Robichaud.
CONNAÎTRE LES ÉTAPES
Il souhaite aussi l’amélioration des connaissances de la durée pendant laquelle les Néo-Brunswickois attendent une chirurgie depuis leurs premiers symptômes.
Officiellement, le délai commence à partir du moment où le spécialiste détermine qu’une opération est nécessaire. Mais son patient a aussi dû attendre avant de le voir, avant de recevoir une date de consultation avec lui, puis avant de consulter un fournisseur de soin primaire.
Le système de santé collige peu d’informations à ce sujet, selon M. Robichaud.
Pourtant, les patients et leur médecin de famille pourraient prendre des décisions plus éclairées en comprenant mieux les périodes d’attente et les différents facteurs en cause. Cela pourrait mener à un meilleur accès en temps opportun aux chirurgies, selon le CSNB. ■
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