Bleuets: 2000 acres réservées aux transformateurs dans l’ancien champ de tir
Serge Brideau, un environnementaliste opposé au projet de bleuetières sur l’ancien champ de tir de Tracadie, s’est dit satisfait des récentes décisions prises par la municipalité.
Bernard Haché bernard.hache@acadienouvelle.com
Mardi, le conseil municipal approuvait un arrêté interdisant toute forme d’agriculture sur les terres hautement convoitées de l’ancien champ de tir. Cette mesure n’aura toutefois aucun effet.
La Commission de services régionaux ne pourra sceller l’arrêté parce que celui-ci contrevient à un règlement provincial.
Ne souhaitant pas en rester là, le conseil a décidé de préparer un arrêté qui protégera la végétation sur son territoire, et qui interdira, pour ce faire, les coups à blanc utiles aux bleuetières.
«Mardi soir, j’étais carrément ému, a confié Serge Brideau à l’Acadie Nouvelle lors d’une entrevue. Je le sais, c’est symbolique, je sais que dans la réforme municipale, la province se garde un droit de veto pour bloquer des décisions comme celle que la Ville a prise. Si c’est symbolique, pour moi, c’est un gros symbole.»
«La Ville est là, depuis le début, à nos côtés. Son soutien est indispensable. Elle n’est pas juste un regroupement de gens: c’est un gouvernement élu. Il peut adopter des arrêtés et il a plus de poids.»
Au passage, M. Brideau a critiqué le leadership de Bleuets NB et de son directeur général, Donald Arseneault.
«Donald Arseneault serait supposé être à la défense des producteurs de bleuets. Les producteurs de bleuets souffrent depuis qu’Oxford Frozen Food est là, parce que les prix ont diminué. Bragg [lire Oxford] est un gros joueur. Il contrôle les prix. Il a le monopole. Je ne comprends pas que quelqu’un comme M. Arseneault ne soit pas à la défense des producteurs de bleuets sauvages. Oxford Frozen Food, c’est l’éléphant dans la pièce.»
RÉPONSE DE BLEUETS NB
Vendredi, le directeur général de Bleuets NB a réfuté ces accusations. S’il a reconnu que le transformateur néo-écossais accapare le marché régional du bleuet, il voit une solution possible: accroître la concurrence.
«Ce qu’on fait à Bleuets NB, a-t-il déclaré en entrevue, on continue d’aller chercher le plus de transformateurs qu’on peut, pour que nos fermiers puissent avoir des options de vente de leurs bleuets.»
Les efforts de Bleuets NB seraient sur le point d’aboutir. Une allocation de 2000 acres, sur l’ancien champ de tir, réservée aux transformateurs, serait une affaire presque conclue, a-t-il laissé entendre.
«Un appel d’offres va être octroyé à un consortium ou à une entreprise de la région pour en faire du développement à valeur ajoutée.»
L’Acadie Nouvelle a fait remarquer qu’un appel d’offres est normalement ouvert à tous. En ce cas, que la compagnie Oxford ait soumis une proposition et que celle-ci ait été acceptée, l’emprise du transformateur sur l’industrie locale s’en trouverait consolidée.
Cette éventualité ne serait pas de mise, a répondu M. Arseneault, même si la province n’a encore rien annoncé officiellement.
«Je peux vous dire aujourd’hui qu’Oxford n’est pas dans cette équation-là. […] On va avoir un autre joueur dans la région et nos fermiers auront des options et de meilleurs prix», a-t-il ajouté avec assurance.
Il a d’autre part minimisé l’impact des bleuetières sur l’ancien champ de tir. Elles n’en occuperont qu’une partie.
«Il y a 46 000 acres de terre dans le champ de tir. Seulement 6000 s’en vont pour le développement des bleuetières.»
Lorsque l’Acadie Nouvelle lui a rappelé que les derniers chiffres de la province n’étaient pas aussi élevés (même en incluant les 1000 acres destinés aux Premières Nations), le directeur général de Bleuets NB a répondu que ce sont plutôt 1500 à 2000 acres qui pourraient être offerts aux Autochtones, nommément la réserve de Burnt Church (Esgenoopetitj).
Et pour répondre coup pour coup, M. Arseneault a dénoncé l’attitude de Serge Brideau. Il lui reprocherait de contredire ce qu’il prône, surtout à l’endroit des petits producteurs de bleuets locaux.
«C’est lui (Serge Brideau) qui nuit à l’industrie, c’est lui qui nuit aux petits fermiers. Ce n’est pas Oxford qui nuit aux petits fermiers, ce sont des gens comme Serge Brideau.»
Il a aussi déploré le fait que plusieurs «fermiers» ont délaissé l’industrie, non en raison des prix courants, mais parce qu’ils ont été intimidés par le mouvement d’opposition.
M. Arseneault n’a pas non plus prisé les récentes décisions de la municipalité de Tracadie. Selon lui, le maire Denis Losier serait «irresponsable», puisque la Ville a engagé «des ressources financières, qui sont quand même, à ce que je comprends, assez restreintes, et aussi du temps et de l’énergie pour quelque chose qui va juste être symbolique». ■
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