«Personne ne devrait avoir à choisir entre satisfaire sa faim et manger des aliments nutritifs, déclare la diététiste Karine Doucet. En période de défis économiques, il est impératif de repenser notre approche alimentaire. Nous pouvons faire de chaque repas un acte de bienveillance envers notre santé et notre portefeuille.»

Cette employée de Vitalité a identifié une préoccupation croissante concernant la nourriture chez les résidents du Nouveau-Brunswick.

Elle précise qu’une personne sur quatre a des contraintes financières qui l’empêchent d’acheter des aliments essentiels.

C’est pourquoi son réseau de santé a publié un guide sur son site internet dans la section «Une alimentation plus saine» de l’onglet «Ma santé», grâce à son aide et à d’autres diététistes.

Les internautes y trouveront des conseils: surveiller les rabais, comparer les prix, planifier des menus en fonction des soldes, acheter des légumes et fruits de saison, remplacer une fois par semaine la viande par des substituts (oeufs, poissons en conserve, beurre d’arachide, tofu) et cuisiner, par exemple.

Pour que les novices en cuisine évitent les repas prêts à manger dispendieux et des aliments ultra-transformés nocifs, le guide contient aussi 19 recettes faciles à réaliser et abordables: casserole de légumes au four, chaudrée de maïs, chili, etc.

Le directeur du Conseil de la santé du Nouveau-Brunswick (CSNB), Stéphane Robichaud, pense qu’il faut encourager ce type d’initiatives qui favorise les bonnes habitudes.

«Souvent, la nourriture saine est considérée comme plus chère par les citoyens, rapportet-il. Mais quand ces conversations ont lieu, il y a beaucoup de gens qui disent qu’on a peutêtre un peu oublié comment bien se nourrir sans que ce soit coûteux.»

Il donne l’exemple du gruau au déjeuner. Le guide de Vitalité suggère d’en verser une demi-tasse dans un récipient avec le même volume de lait, un quart de tasse de yogourt à la vanille, de la pomme hachée, un peu de cannelle et de miel, de placer le tout au réfrigérateur et de le déguster quelques heures plus tard.

LIMITES DE LA SENSIBILISATION

M. Robichaud précise que la prévention est peu efficace pour les gens qui sont déjà en surpoids, soit une grande majorité des adultes de la province: 43% d’entre eux sont obèses (ils ont un indice de masse corporelle de 30 et plus) et 33% d’entre eux font de l’embonpoint (ils ont indice de masse corporelle de 25,00 à 29,99), selon Statistique Canada.

«Ailleurs qu’au Nouveau-Brunswick, on fait en sorte que toutes les interactions de ce type d’individus avec les services publics leur offrent des occasions d’obtenir un accompagnement dans leur cheminement vers un poids plus sain», observe-t-il.

Le fonctionnaire indépendant raconte que ça peut être aussi simple que d’inclure une pesée à chaque consultation dans une clinique, pour que le médecin de famille aborde le poids des patients avec eux naturellement et sans gêne.

«Au Nouveau-Brunswick, il y a des professionnels de la santé qui parlent de ce sujet avec aisance, mais il n’y a pas d’approche organisationnelle pour équiper tout le monde et avoir des approches standardisées», note-t-il.

M. Robichaud raconte que des professionnels de la santé ont pris des initiatives efficaces contre le surpoids dans la province. Ils ont cependant échoué à les généraliser à l’ensemble du territoire, faute de moyens financiers.

«Il faut trouver des façons d’utiliser nos ressources de façon optimale, soutient-il. Il ne faut pas perdre de vue non plus que la capacité à créer des services est de plus en plus faible à cause des difficultés à remplacer les professionnels dans les services existants, à cause des pressions démographiques.» ■