Édition numérique - Acadie Nouvelle

Un péché avoué est à moitié pardonné

Camille Thériault, nouveau pdg d’UNI, nous a dit qu’il allait évaluer la situation et rendre compte à nous, les membres, à qui on a demandé de garder la foi et surtout notre argent dans UNI.

LUCIE LEBOUTHILLIER Bas-Caraquet

Eh bien, on constate qu’il a tenu parole. Il a confirmé ce que nous savions déjà par nos yeux, à ne pouvoir accéder à nos comptes, ou par nos oreilles et nos jambes, à attendre et attendre dans les longues files d’attentes ou au téléphone qu’UNI n’était pas prête pour cette transition.

Au nom de l’institution, il fait son mea culpa et appelle, encore une fois, au nous collectif pour maintenir notre confiance dans UNI, dans sa capacité de régler les problèmes. Il nous rapporte en toute transparence que la situation s’améliore comme on peut nous- même le constater.

Enfin, on nous traite comme des gens intelligents que nous sommes. UNI assume la responsabilité de cet ouragan, le plus grand jamais rencontré par les Caisses populaires acadiennes depuis sa fondation en 1946.

Cela ne change pas le monde ni les frustrations, les inquiétudes et même les nuits blanches subies mais en prenant responsabilité pour cette erreur monumentale on sent que le vent a tourné.

Plusieurs diront que ces excuses ne changent pas la donne, je pense cependant que plus qu’un geste symbolique cela marque un moment charnière vers la résolution de cette crise. Lorsqu’on confie notre argent à une institution financière, en plus de vouloir le faire fructifier, deux choses sont non négociables: la confiance et l’honnêteté.

Enfin, UNI est redescendu sur le plancher des vaches, admet son erreur, se rapproche de monsieur et madame tout le monde, comprend mieux ce qu’a vécu ses 170 000 membres, ses 1000 employés en plus de la perte de 2600 adhérents et la diminution de leur actif d’un peu moins de 1%.

Gros prix de consolation, on apprend qu’UNI a un meilleur ratio de capital devant les 6 grandes banques du pays.

Alors puisqu’on sort de la crise, qu’on s’améliore de jour en jour, peut-être qu’il faut y penser à deux fois avant de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Par l’admission de son virage mal calculé, UNI tente de rebâtir la confiance. C’est certain qu’importe la banque avec qui on fait affaire, il n’y a pas de baguette magique. Je préfère toujours appuyer une institution acadienne, le chez-nous, le nous autres, le peuple acadien plutôt que prendre le risque de placer mon argent ailleurs, où là aussi des erreurs monumentales peuvent se produire. Comme on dit, mieux vaut laisser son argent chez un diable qu’on connait, les gens de chez-nous, que d’aller vers le diable qu’on ne connait pas. Ainsi, par ce choix, on appuie le nous collectif et on se donne les moyens de demeurer une force économique dans laquelle on a espoir d’avoir un petit mot à dire.

Espérant cependant qu’on ne fera plus seulement appel aux membres et leur patriotisme lorsque ça va mal, mais aussi lorsque ça va bien. Si UNI avait mieux écouter ses membres, supposément souverains d’UNI, je suis convaincue qu’on n’en serait pas rendu là.

J’espère qu’UNI a appris sa leçon. S’il veut continuer et reprendre le poil de la bête qu’il a perdu, il devra se coller les oreilles aux gens et communautés qu’il veut desservir, bien les comprendre et ensuite aller chercher la meilleure expertise pour y répondre partout sur la planète.

La pente est toujours difficile et lente à remonter lorsqu’on était au sommet. Tomber est malheureusement trop souvent le prix à payer pour apprendre. Comme si à chaque génération, il faut faire nos propres expériences plutôt que s’appuyer sur la sagesse de nos aînés et de ceux qui sont passés avant nous.

Comme dit le dicton, un péché avoué est à moitié pardonné et j’ajouterais qu’on n’a pas les moyens, nous les Acadiens, de laisser notre seul navire économique coulé en ces moments de notre histoire où la francophonie est en déclin. Il faut continuer à se garder les moyens de nos ambitions comme peuple. ■

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