Édition numérique - Acadie Nouvelle

FICFA: Les jours, pour démystifier le cancer du sein

Sylvie Mousseau sylvie.mousseau@acadienouvelle.com

La première condition donnée par MariePhilip en acceptant de participer au documentaire de Geneviève Dulude-De Celles était que le film ne soit pas lourd et déprimant. Les jours, une oeuvre pleine de lumière, suit l’histoire d’une jeune femme atteinte du cancer du sein à travers son cheminement, du premier au dernier traitement de chimiothérapie.

Les deux femmes ne se connaissaient pas avant d’entreprendre ce projet de documentaire. Plusieurs femmes de la famille de Geneviève Dulude-De Celles ont été touchées par le cancer du sein. La cinéaste a eu envie de démystifier cette maladie en offrant une incursion dans la vie de ces femmes.

Au départ, elle voulait réaliser une série d’entrevues. Elle a donc lancé un appel de casting un peu général. En voyant l’annonce, Marie-Philip, 28 ans, qui venait de recevoir son diagnostic de cancer du sein y a répondu. À ce moment-là, elle trouvait que l’information véhiculée dans les groupes et les dépliants de soutien ne la rejoignait pas du tout, s’adressant plutôt à des femmes plus âgées.

«Quand j’ai vu l’annonce du casting, je me suis dit que j’allais faire quelque chose avec la “merde” qui m’arrive. Je vais répondre puis peut être que la prochaine fille dans la vingtaine va avoir au moins un exemple de quelqu’un comme elle à qui ça arrive parce que c’était ma plus grande frustration d’être pas rapport, comme un extra-terrestre et de me faire dire tout le temps t’es donc bien jeune pour avoir le cancer. Ça faisait juste renforcer mon sentiment d’injustice et de frustration», a raconté Marie-Philip en entrevue à la veille de la projection au Festival international du cinéma francophone en Acadie.

Après avoir rencontré la jeune femme, la réalisatrice a pris une autre direction en se concentrant sur une seule protagoniste, d’autant plus qu’il était difficile de trouver des personnes (atteintes de cancer) prêtes à se plier à l’exercice au plus fort de la pandémie en 2020.

ODE À LA VIE

On accompagne cette jeune femme brillante et attachante dans toutes les étapes de son cheminement physique et psychologique. Elle se confie sur ses peurs, ses frustrations et ses victoires avec beaucoup d’honnêteté à la caméra. Chimiothérapie, mastectomie, traitement de fertilité, rendez-vous médicaux, scans, pertes de cheveux et quête d’amour. Le plus difficile a été la perte de cheveux, confie-t-elle.

«Je ne voulais tellement pas les perdre parce que pour moi ça me donnait l’air malade alors que je ne me suis jamais sentie malade et c’est ça qui m’encourageait à me dire que j’allais passer au travers. Quand j’avais l’air malade, c’était beaucoup plus dur parce que l’espoir est plus difficile à entretenir.»

Mais ce film est loin d’être triste, même si parfois on sort les mouchoirs. C’est plutôt une ode à la vie et au courage de la jeune femme. L’un des obstacles que la cinéaste rencontre depuis la sortie de son documentaire est la réticence des gens à aller voir le film, craignant que ce soit déprimant parce qu’il est question de cancer. Or après les projections, la perspective du public change. La réalisatrice confie qu’elle a reçu de très beaux témoignages. «Si on n’en parle pas et que ça reste tabou, ça va continuer d’être un gros monstre qui fait peur.»

Quand Marie-Philip a reçu son diagnostic, elle ne savait pas ce qui l’attendait. Tout ce qu’elle connaissait du cancer, c’est ce qu’elle voyait dans les films et c’était souvent très pénible.

«Je pensais que j’allais mettre ma vie sur pause, que j’allais être verte et que j’allais vomir pendant six mois. Mais ce n’était pas du tout ça, j’ai pu travailler à temps plein quand même, faire du sport et des sorties quand on avait le droit. Je n’avais pas le cancer à temps plein, j’avais le cancer le jeudi quand j’allais à mes traitements puis le reste de la semaine, je pouvais vivre normalement. Ça, on n’en parle pas toujours», a confié la doctorante et professeure. «Je voulais que des personnes nouvellement diagnostiquées puissent le regarder sans être terrifiées […] et que ça nuance les choses.»

Aujourd’hui Marie-Philip est en rémission et elle se porte bien. Après avoir vu le film, on ne peut pas l’oublier. Marie-Philip et Geneviève Dulude-De Celles seront présentes à la projection le samedi à 13h au théâtre l’Escaouette. ■

ARTS ET SPECTACLES

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2023-11-18T08:00:00.0000000Z

2023-11-18T08:00:00.0000000Z

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