Les dons d’organes ont augmenté chez les prestataires de l’aide médicale à mourir
Camille Bains
Des chercheurs québécois affirment que le don d’organes semble augmenter chez les personnes ayant reçu l’aide médicale à mourir, mais ils réclament une plus grande collaboration pour soutenir ceux qui choisissent de donner, ainsi que le respect de leur autonomie et de leur dignité.
Les chercheurs affirment que 64 personnes au Québec ont fait don de leurs organes après avoir reçu l’aide médicale à mourir (AMM) entre 2018 et fin 2022.
Selon eux, les dons de ce groupe ont augmenté pour représenter 14 pour cent de tous les organes donnés au cours de la dernière année de leur étude.
Ils ont analysé les données de tous les receveurs de l’AMM dirigés vers Transplant Québec au cours de la période d’étude de cinq ans en vue d’un éventuel don d’organes et ont constaté que le nombre de donneurs était passé à 24 en 2022, contre huit en 2018.
Sur les 245 personnes référées, 82 ont été retenues. Parmi elles, 64 ont été jugées médicalement aptes et ont donné un total de 182 organes – principalement des reins, mais aussi des foies et des poumons, dans de nombreux cas. Il s’agit des mêmes organes habituellement prélevés par don standard après le décès d’une personne.
Parmi les 163 patients référés qui n’ont pas fait de don, 91 ont été jugés médicalement inaptes et 21 ont complètement abandonné l’AMM.
Cependant, 34 patients, soit près de 21 pour cent, ont refusé pour des raisons non précisées qui nécessitent une étude plus approfondie, a indiqué l’auteur principal, le docteur Matthew Weiss, directeur médical de Transplant Québec.
Le docteur Weiss a déclaré que certaines personnes ont peut-être décidé de ne pas faire de don après avoir appris qu’elles devraient recevoir leurs médicaments d’aide médicale à mourir à l’hôpital plutôt qu’à la maison, afin que leurs organes puissent être récupérés rapidement après l’arrêt de leur coeur.
«L’une des choses que nous devons mieux comprendre est de savoir: quels sont les obstacles?», a-t-il dit à propos du don d’organes lié à l’AMM.
«Je soupçonne fortement que le fait qu’ils ne peuvent pas mourir chez eux est un facteur majeur, mais je ne peux pas le dire avec certitude pour le moment», a ajouté le docteur Weiss en entrevue depuis Thoune, en Suisse, où il a parlé du cadre éthique et clinique du Canada des dons d’organes liés à l’AMM.
La Suisse n’autorise pas de tels dons, contrairement à la Belgique, aux Pays-Bas et à l’Espagne.
LES DONNÉES AU CANADA
Le docteur Weiss espère que la recherche pourra aider à créer un consortium d’organisations de don d’organes à travers le Canada qui standardisera la collecte de données.
L’étude, publiée lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne, indique qu’au début de la période d’étude, un total de 164 patients au Québec ont donné leurs organes, dont huit ont reçu l’AMM.
En 2022, un total de 171 personnes ont fait don de leurs organes et 24 ont reçu l’AMM. ■
CANADA
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2024-01-30T08:00:00.0000000Z
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