LES MARVEL: LE CONTENANT PRIME SUR LE CONTENU
PATRICE CÔTÉ patrice.cote@acadienouvelle.com
Dans Les Marvel (en salles), Disney poursuit son travail d’infantilisation de l’Univers cinématographique Marvel (UCM) dans ce qui est, sans aucun doute, un des trois pires films de la franchise. Trente-troisième film de l’UCM, Les Marvel unit à l’écran les héroïnes Captain Marvel (Brie Larson), Ms. Marvel (Iman Vellani) et Monica Rambeau (Teyonah Parris).
Dans une histoire totalement sans queue ni tête, un événement cosmique (très mal expliqué) fait en sorte que les trois femmes interchangent de place quand elles utilisent leurs pouvoirs. Elles sont donc forcées de faire équipe.
Ça tombe bien parce qu’une méchante, la révolutionnaire kree Dar-Benn (Zawe Ashton), souhaite piller les ressources de planètes qui sont chères à Captain Marvel pour ressusciter sa propre planète.
Les Marvel pourront-elles freiner Dar-Benn avant que celle-ci anéantisse toute vie sur Terre?
Permettez-moi tout d’abord de préciser que l’écoute de la plus récente oeuvre de la saga demande une connaissance beaucoup plus que générale d’événements qui se sont déroulés dans le film Captain Marvel (2019), ainsi que dans les séries télévisées WandaVision (2021) et Ms. Marvel (2022). L’auditeur doit aussi être à jour dans son savoir sur la géopolitique et l’histoire des Kree et des Skrull.
Je vous conseille donc de faire vos devoirs avant de vous présenter au cinéma, sans quoi, votre visionnement risque davantage de vous causer des maux de tête que de vous divertir. Reste que Disney et Marvel ont beau nous ensevelir sous les concepts mythologiques, un fait demeure, dans ce 33e film de l’UCM, le contenant prime sur le contenu.
Je m’explique. Vous aurez remarqué que les héros de Les Marvel sont non seulement des femmes, mais que les deux tiers d’entre elles sont racisées (une est noire, l’autre est indoarabe). Il ne faut toutefois pas une maîtrise en marketing pour comprendre que, derrière la prétendue ouverture raciale de Disney, se cache d’abord et avant tout un désir de s’approprier les dollars d’un public jusqu’à tout récemment ignoré par les (très blancs et masculins) films de superhéros.
Dans ce contexte, le scénario (le contenu) est extrêmement secondaire. Parce que la distribution (le contenant) prime, le film n’a donc pas besoin de nous proposer une histoire qui saura nous émerveiller, nous stimuler et nous émouvoir.
On ne se surprend donc pas que le scénario soit un gâchis immonde. Il allie numéros musicaux dignes d’un film de princesses, concepts scientifiques loufoques, personnages dépourvus de charisme (sauf pour Ms. Marvel), enjeux flous et méchante plus risible que menaçante dans une oeuvre où le pourtant très combatif Nick Fury semble avoir été lobotomisé tellement il est passif. Ajoutez à cela une bataille finale lors de laquelle quatre femmes se tapent dessus pendant cinq minutes sans qu’une seule soit le moindrement blessée ou décoiffée et vous avez là un film qui tombe sans le vouloir dans le burlesque.
Le grand Stan Lee se retournerait dans sa tombe s’il savait que l’univers qu’il a créé avec tant d’enthousiasme et d’originalité est adapté à l’écran avec si peu de rigueur.
■
ARTS ET SPECTACLES
fr-ca
2023-11-18T08:00:00.0000000Z
2023-11-18T08:00:00.0000000Z
https://numerique.acadienouvelle.com/article/281706914415809
Acadie Media
