Édition numérique - Acadie Nouvelle

RISHI SUNAK, DAVID CAMERON ET L’AVENIR DU PARTI CONSERVATEUR BRITANNIQUE

PHILIPPE BERNIER ARCAND

Le premier ministre britannique, Rishi Sunak, a surpris la population britannique en général, et les militants conservateurs en particulier, le 13 novembre dernier, en nommant l’ancien Premier ministre David Cameron à titre de Secrétaire d’État aux Affaires étrangères afin de diriger la diplomatie du Royaume-Uni. Le Parti conservateur britannique, miné par le populisme, donne l’impression d’être désorienté, alors que ses jours au pouvoir semblent comptés face à un Parti travailliste qui se dirige vers une victoire électorale en 2024.

Si l’on prend en compte la période de David Cameron, qui dirigeait une coalition conservatrice-libéraledémocrate, les conservateurs britanniques sont au pouvoir depuis plus de 13 ans, ce qui pourrait expliquer une certaine lassitude du pouvoir. Le tournant majeur a été le vote en faveur du Brexit en 2016, qui a profondément divisé le parti.

En prenant les rênes il y a un peu plus d’un an, Rishi Sunak a hérité d’un parti épuisé par le pouvoir, mais a néanmoins réussi à rétablir un certain respect pour les institutions démocratiques. Il a succédé à la première ministre Liz Truss, qui est restée au pouvoir seulement un mois et 19 jours, ainsi qu’au premier ministre Boris Johnson, qui a démissionné en 2022 après de multiples scandales.

Non seulement le Parti conservateur britannique semble incapable de se remettre du vote du Brexit en 2016, qui a engendré de nombreuses divisions internes, mais le Royaume-Uni se retrouve également appauvri, isolé et plus divisé que jamais depuis ce référendum. De plus, le partage du pouvoir en Irlande n’est toujours pas rétabli, menaçant une paix en place depuis plus de vingt-cinq ans, et le poids du RoyaumeUni sur la scène internationale a indéniablement diminué depuis le Brexit, selon de nombreux observateurs des relations internationales.

Au moment du référendum sur le Brexit en 2016, le Parti conservateur britannique était divisé, avec le premier ministre David Cameron en faveur du «Non», prônant le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, et Boris Johnson en faveur du «Oui», plaidant pour la sortie de l’Union européenne. La victoire du Brexit a entraîné la démission de David Cameron et a permis à Boris Johnson, soutenu par une vague trumpiste venue des États-Unis, d’accéder au poste de premier ministre quelques années plus tard en 2019 en succédant à Theresa May. Depuis lors, le Parti conservateur semble de plus en plus difficile à diriger, partagé entre un courant centriste et des factions d’extrême droite plongeant dans le populisme. En tentant de satisfaire tous les courants, Rishi Sunak peine à transmettre un message politique cohérent.

Par exemple, afin de plaire à l’aile la plus à droite, il vient de relancer l’exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord, renonçant ainsi de facto aux objectifs de neutralité carbone préalablement fixés. La nomination de David Cameron au poste de secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement semble quant à elle être un geste visant à satisfaire l’aile centriste. David Cameron devient ainsi le premier ex-premier ministre britannique depuis Alec Douglas-Home en 1970 à revenir au cabinet. Bien qu’il ne soit plus député depuis 2016, sa nomination à la Chambre des lords, la chambre haute du Parlement britannique, lui permet d’exercer ses fonctions sans être élu. Ce remaniement ministériel a également entraîné le départ du cabinet de la controversée Suella Braverman, récemment secrétaire d’État à l’Intérieur. Cette conservatrice dure était une vedette de l’aile la plus à droite du Parti conservateur dont les positions réactionnaires et populistes faisaient souvent les manchettes des journaux.

Il est difficile de prévoir si l’aile droite du Parti conservateur s’estompera au profit d’un courant plus centriste. Il est également difficile de prévoir si la stratégie du Parti conservateur, consistant à chercher à satisfaire l’ensemble de ses supporters, en créant une coalition aussi large que possible, portera ses fruits.

En cherchant à se rapprocher du centre, le Parti conservateur vise à atténuer la menace représentée par Keir Starmer et le Parti travailliste, qui semblent avoir de bonnes chances de remporter les élections de 2024. Il est fort probable qu’en cas de défaite du Parti conservateur, le courant centriste du parti soit affaibli, ouvrant la porte à des courants populistes et à des personnalités plus extrémistes, comme Suella Braverman, lors d’une éventuelle course à la direction.

MUNICIPALITÉ DES HAUTES-TERRES

fr-ca

2023-11-18T08:00:00.0000000Z

2023-11-18T08:00:00.0000000Z

https://numerique.acadienouvelle.com/article/282235195393217

Acadie Media